Il n’y a pas , à proprement parler, d’abonnés aux théâtres de la capitale c’est donc à tort que M. Scribe s’est permis de chanter :
Abonnés de l’Opéra-Comique,
Abonnés du sublime Opéra ,
Abonnés de l’Opéra-Buffa , etc.
Il fallait substituer le mot habitués à la qualification d’abonnés ; la poésie du couplet eût perdu sans doute, mais la pureté du langage de coulisses eût été satisfaite dans son exigence, qu’elle pousse très loin, comme chacun sait, en matière de Vaudeville et de mélodrame.
Dans les théâtres des départements il y a désabonnés; MM. les militaires de tous grades abandonnent par mois un jour de leur paie en échange de leurs entrées à la comédie. Aussi, il n’y a pas un caporal à qui Lucrèce Borgia n’ait coûté de cinq à sept sous.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Spectateur payant ses entrées à l'avance, pour un mois ou une année. Dans beaucoup de villes de province, les abonnés font la loi aux directeurs et sont l'effroi des débutants.
La langue théâtrale Vocabulaire historique, descriptif et anecdotique des termes et des choses du théâtre Alfred Bouchard - Paris – Arnaud et Labat, libraires éditeurs - 1878
Chez les Romains, il y avait trois sortes d’acclamations ou d’applaudissements. La première s’appelait bombi, parce qu’ils imitaient le bourdonnement des abeilles.
La seconde était appelée imbrice, parce qu’ils rendaient un son semblable au bruit que fait la pluie en tombant sur les tuiles.
Et la troisième se nommait testœ, parce qu’ils imitaient le son des coquilles et des castagnettes.
D’où il faut conclure que, pour être bon claqueur chez les peuples anciens, il fallait être un excellent ventriloque. Aujourd’hui il suffît d’être un parfait boxeur.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France La Comédie Française / Dessin Antoine Meunier
Lisez dans le Dictionnaire de l’Académie, les mots Dupes, Jobards, Compte
de retour. Il fut un temps où l’administrateur du théâtre Saint-Martin, surchargé de frais énormes, eut l’heureuse idée de jouir du talent de Potier en intéressant l’acteur aux bénéfices de l’exploitation.
Le père Sournois devint actionnaire, mais, de compte fait, quand il vit que la participation au lieu de rapporter emportait, il déclara qu'il était las des grandeurs, et réclama le modeste titre de pensionnaire. Les directeurs n’ont pas renouvelé l’épreuve depuis ce temps.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Dans les théâtres importants de la province, c’est au scrutin, et à la majorité des voix, que se décide le sort des artistes qui viennent effectuer leurs débuts au commencement de chaque année théâtrale. Ceux des spectateurs qui prennent part au scrutin votent l’admission ou le rejet de l’artiste dont le talent est soumis à leur appréciation. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
James Hayllar. Peintre – 1829-1920 At the Theatre
Voltaire s’avisa plus d’une fois, aux représentations de ses ouvrages , d’apostropher le public avec plus ou moins de succès.
Morand, auteur de Y Esprit de Divorce, ne se lit pas scrupule d’employer le même moyen.
Après la représentation de son ouvrage, il parut, et dit au parterre : « Messieurs , il me revient qu’on trouve que le principal caractère de la pièce n’est point dans la vraisemblance , tout ce que je puis avoir l’honneur de vous dire , c’est que c’est la copie très exacte , quoiqu’affaiblie , de ma belle-mère; si vous voulez vous en assurer, voici son adresse. Et il jeta dans le parterre un grand nombre de cartes. L’assemblée ne pensa plus à contrarier le succès.
Baron, âgé de 70 ans, ayant excité le lire dans le personnage de Rodrigue, du Cul, s’avance sur le bord du théâtre, et dit : « Messieurs, je m’en vais recommencer pour la troisième fois, mais je vous avertis que si l’on rit encore je quitte le théâtre, et je n’y remonte de ma vie. » Il continua son rôle, et le silence fut exactement gardé.
De nos jours, Dorvigny, auteur d’un grand nombre de parades, s’avance vers le public qui sifflait une de ses comédies, et dit avec une franchise un peu brutale. "Je vous ai fait avaler plus de vingt pièces plus mauvaises que celle-là, et il faut bien que vous la preniez ; vous vous y ferez." La pièce se releva et fut jouée cent fois,
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
On appelait ainsi, au dix-huitième siècle, certaines pièces d’un genre indéterminé, difficiles à qualifier autrement, et dans lesquelles, comme dans certains repas nommés ambigus, entraient à la fois les éléments les plus divers. Les pièces de ce genre comprenaient toutes sortes de choses : parodie, drame, comédie, chant, danse, etc. Le Ballet des 24 Heures, de Legrand, était un ambigu-comique, de même que Le Chaos, de Legrand et Dominique, et les Réjouissances publiques, de Favart. C’est de là que vient le nom d'Ambigu-Comique donné plus tard par Audinot à son théâtre, pour indiquer que les spectacles en étaient variés et de tous les genres. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Jean-Gabriel Domergue (1889-1962) Ballet à Monte Carlo
Les amendes varient suivant l'importance du théâtre et le degré de considération dont jouissent les acteurs. C’est le châtiment infligé, sous forme de peine pécuniaire, à tout artiste ou employé qui manque à sou service d’une façon quelconque. L’amende est naturellement proportionnée à l’importance de la faute. En- court une amende celui qui arrive en retard à une répétition ou à un spectacle, qui manque une répétition, qui fait du bruit en scène ou à l’orchestre, qui vient au théâtre en état d’ivresse, qui provoque du bruit ou du scandale, qui n’est pas costumé comme il doit l’être, qui manque de respect à un régisseur, qui fait manquer la manœuvre d’un décor, etc., etc. Quant à l’artiste chargé d’un rôle important, qui, sans raison valable, fait manquer un spectacle et met le théâtre dans l’obligation de faire relâche, sa conduite soulève une question de dommages-intérêts qui ne peut être tranchée que par les tribunaux. On comprend que l’exactitude et la correction dans le service de tous sont une des conditions indispensables de la bonne marche d’un théâtre ; les amendes n’ont d’autre but que d’obtenir l’une et l’autre. Mais les directeurs et les chefs de service savent faire la part de chacun : infliger des amendes sévères aux serviteurs négligents, et fermer les yeux sur les fautes accidentelles et involontaires de ceux dont ils connaissent la conscience .et le dévouement. Dans l'un des innombrables Règlements destinés à assurer le service de l'Opéra et publiés à cet effet, celui de 1792, qui était l'œuvre de Rancœur et Cellerier, directeurs de ce théâtre, et qui avait reçu l'approbation et la signature de Pétion, maire de Paris, ainsi que celle des administrateurs et officiers municipaux de la Commune, un chapitre spécial, le chapitre XIV, divisé en six articles, était consacré exclusivement à la grosse question des amendes. Il était ainsi conçu : Art. 1. Tous les soirs, après les représentations ou les répétitions, les maîtres de chaque partie remettront entre les mains du secrétaire général la liste des personnes qui auront été imposées à l’amende, en ayant soin d’y indiquer les motifs qui les auront forcés d’exercer cet acte de rigueur. Le secrétaire en fera son rapport au Comité qui, après avoir prononcé, remettra la liste au caissier, afin qu’il puisse retenir aux sujets, à la fin de chaque mois, la somme dont ils seront redevables. Art. 2. Dès qu’un sujet se sera mis dans le cas d’être imposé à l’amende, il en sera prévenu par une lettre, afin qu’il puisse recourir au Comité, s’il y a lieu à réclamation. Art. 3. Le caissier inscrira sur deux registres le nom des personnes qui auront encouru l’amende, et le montant de la somme à laquelle elle aura été portée. Un de ces registres restera au Comité, pour prouver aux sujets, qui seront libres de venir le compulser, que personne n’a été favorisé. Art. 4. La somme totale des amendes sera déposée à la caisse. Art. 5. A la fin de chaque année, tous les sujets s’assembleront pour déterminer à quel acte de bienfaisance la masse totale des amendes pourra être appliquée. Art. 6. Comme il ne doit point y avoir de peines sans espoir de récompenses, à la fin de chaque année théâtrale il se tiendra une assemblée générale, dans laquelle il sera distribué des prix d’encouragement à tous les sujets du chant, de la danse et de l’orchestre qui n’auront point été mis à l’amende dans tout le cours de l’année. Ces prix seront des médailles d’argent ; une attestation signée de tous les membres du Comité d’administration accompagnera cette gratification honorable. Ce dernier article est un pur chef-d'œuvre. Le directeur qui signerait cela aujourd’hui serait bien sûr de ne pas manquer son effet. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Le Code pénal des coulisses admet l'amende pour châtiment : en province, le despotisme directorial fait souvent jeter en prison une princesse rebelle ou un roi de mauvaise humeur ; à Paris, c'est par la retenue de ses appointements que l'artiste expie son manque de zèle, ou son absence sans congé.
Les directeurs, régisseurs, remplissent les fonctions du ministère public, la caisse devient le greffe ; et dans celui-ci, du moins, les condamnés ont la consolation de voir le prix de leurs peines soulager quelques artistes malheureux, ou se verser dans une bourse qui, au prochain relâche, paiera chez le traiteur un repas aux juges, aux exécuteurs et aux coupables. Manuel des coulisses ou Guide de l’Amateur Paris. Chez Bezou, Libraire. 1826.
Illustration : Dis donc Virginie… et notre répétition… nous serons à l’amende ? Laisse-moi donc tranquille… le régisseur n’aura rien à nous dire, nous lui prouverons que nous étions en Seine…
L’Opéra au XIXème siècle. Beaumont, Charles-Édouard de, Dessinateur-lithographe. Aubert (Imprimeur, lithographe, éditeur), Éditeur. Aubert (Imprimeur, lithographe, éditeur), Imprimeur. Entre 1844 et 1846. Musée Carnavalet.
La division de l’année théâtrale n’est point conforme à celle de l’année civile. Au dix-septième et au dix-huitième siècle, jusqu’à la Révolution, les théâtres, à Paris comme en province, étaient tenus de fermer leurs portes pendant trois semaines chaque année, depuis le dimanche de la Passion jusqu’au dimanche de Quasimodo, c'est-à-dire quinze jours avant et huit jours après Pâques. L’Église, toute-puissante alors, exigeait ce chômage, et c’est là ce qu’on appelait la fermeture de Pâques. A part cette fermeture, les théâtres de province jouaient toute l’année, comme ceux de Paris, mais ils profitaient de ce moment pour procéder au renouvellement de leur troupe et signer les engagements de leurs artistes pour la campagne suivante. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Mary Cassatt (1844-1926) Femme au collier de perles dans une loge
‘L’annonce incombe ordinairement au régisseur, qui est tenu d’endosser l’habit noir et de mettre des gants pour venir annoncer aux spectateurs, après avoir fait les trois saluts traditionnels, que M. X , ténor, ayant attrapé un rhume en allant à la chasse au marais, réclame l’indulgence du public, ou bien que Mlle X venant d’être enlevée “subitement”, Mlle W veut bien se charger, par complaisance, et pour ne pas faire manquer la représentation, du rôle de Mlle X. On annonce encore les représentations au bénéfice d’un camarade. Au XVIIe et XVIIIe siècles, l’annonce du spectacle du lendemain était faite chaque jour, au Théâtre-Français, entre les deux pièces, par un acteur de la troupe. Il profitait de cela pour faire l’apologie de la pièce en vogue et pour indiquer celles qui étaient en répétition. Ces harangues demandaient un certain talent d’élocution ; il fallait vanter sa marchandise, sans passer les bornes, et surtout savoir tourner un compliment au public. Dans la dernière moitié du XVIIIe siècle, l’annonce continua d’être faite, non par le premier venu, mais par le dernier venu de la troupe. Cet usage fut entièrement aboli en 1793 et se réfugia dans les spectacles forains, où il subsiste encore : l’annonce s’y fait après la parade sous le nom de “boniment”.’
Faire l’annonce Vieil usage que nos mœurs ont conservé avec toute sa burlesque mise en scène, son langage emphatique, ses quatre saluts d’étiquette ; en règle générale, les régisseurs ne
doivent faire l’annonce que dans le cas de catastrophe, d’évanouissement ou de fugue, mais
après un succès, c’est à l'artiste qui a pris la plus grande part à la victoire que doit appartenir le droit de proclamer le nom du vainqueur. Avant la révolution, l’annonce du spectacle du lendemain se faisait chaque soir sur le théâtre.
Les comédiens se sont dérobés à cette servitude journalière. L’usage des compliments de clôture et d’ouverture a tenu un peu plus longtemps ; mais enfin il a disparu à son tour, et maintenant le spectateur est quitte de ces comptes rendus qui avaient toujours la modestie d’un discours de réception académique, et l’humilité d’un gérant qui demande de l’argent à ses actionnaires. Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Dans tous les théâtres, c’est généralement le premier régisseur qui est chargé de ‘parler au public’, c'est-à-dire de prendre la parole lorsqu’il s’agit de faire une annonce quelconque, soit pour un changement de spectacle, soit pour une substitution d’acteur, soit pour solliciter l’indulgence en faveur d’un artiste indisposé, soit pour toute autre cause. Naguère, en province, l’engagement du régisseur chargé de ce soin, portait formellement qu’il remplirait les fonctions de ‘régisseur, parlant au public’. C'est qu'en effet, il y a trente ou quarante ans, alors que, dans certaines grandes villes, les débuts étaient laborieux et orageux, que le public à chaque instant réclamait la présence du régisseur, il fallait à celui-ci une certaine facilité de parole, une réelle habileté, parfois une grande présence d'esprit pour fournir les explications qui lui étaient demandées, faire tête au tapage, et ne pas tomber dans les pièges qui lui étaient tendus par des spectateurs furieux ou par des loustics en humeur d plaisanterie. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Michaud. Régisseur Nouveautés. 1875- 1895. Atelier Nadar. Source gallica.bnf.fr / BnF
Scène de bal de Carnaval dans un théâtre Anonyme , Graveur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le Bal de l'Opéra est le plus fameux de tous les bals du Carnaval de Créé par une ordonnance royale en date du 31 décembre 1715, sa première édition a lieu le 2 janvier 1716. Il se déroule durant la période du Carnaval à raison de deux bals par semaine s'ouvrant à minuit. Au début c'est donc un bal masqué. Ce bal se tient successivement à l’Opéra de la rue de (jusqu'en 1820), à la Salle Louvois, (1820-1821), à l’Opéra Le Peletier (de 1821 à 1873) et à l’Opéra Garnier (de 1875 à 1903). Il disparaît finalement dans les années 20. Le plancher amovible qui servait aux danseurs ayant atteint un état de grande décrépitude et devenant inutilisable, voire dangereux, l’administration de l'Opéra ne souhaita pas le remplacer.
Bal donné à l'opéra, au bénéfice de la caisse des pensions de retraite des artistes et employés de ce théâtre/ Exécution du Quadrille impérial par les artistes de l'Opéra. Godefroy-Durand , Graveur Anonyme , Editeur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Roy, Marius (1833-18..?). Lithographe. Caisse de retraites des officiers de réserve et de l'armée territoriale... Grand bal militaire au Théâtre National de l'Opéra, le samedi 17 décembre 1892... : lithographie de Maruis Roy. 1892. Source gallica.bnf.fr / BnF
"Billet d'admission" au "Bal de l'Association des Artistes Dramatiques" au Théâtre royal de l'Opéra Comique le Samedi 22 févr. 1845 au nom de "M.r Derval Fils" Source gallica.bnf.fr / BnF
Paris. - Transformation du théâtre du Grand-Opéra en salle de bal après la représentation du mardi-gras. Coste, Édouard , Graveur Gaildrau, Jules , Dessinateur Anonyme , Editeur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Bals du théâtre de la Porte St Martin Inconnu , Dessinateur-lithographe Petit et Bertauts , Imprimeur-lithographe Catelin, Henri (le Jeune) , Editeur Musée Carnavalet, Histoire de Paris
La civilisation court au galop. Les vieux usages tombent les uns sur les autres. Maintenant sur la plupart de nos scènes, le rideau se lève au bruit de la sonnette ; mais au bon temps du mélodrame à bottines rouges, de l’Opéra sans trompettes ni tamtam, c’étaient les trois coups d’un énorme gourdin, qui frappait solennellement le sol théâtral avant l’ouverture.
Comme le cœur était plein de ce son, comme l’oreille était attentive. Les profanes qui se trouvaient sur la scène fuyaient dans les coulisses, emportés par les flots de duègnes, de figurantes et de tyrans qui se mettaient à l’écart. Le gendarme lui-même était ému et perdait son équilibre, quand il arrivait que le régisseur donnait trop vigoureusement le signal d’usage. A la Gaîté on frappe encore les trois coups. Le Marais n'est pas inconstant comme la Chaussé-d ’Antin. Honneur à l’administration conservatrice des mœurs publiques d’un arrondissement.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
La malignité publique a toujours été avide des anecdotes de la vie privée des comédiennes. Je ne sais qui a dit : « L’histoire de la vie privée des actrices a la publicité de l’histoire romaine. » De tous les temps, des pamphlétaires ont spéculé sur ce penchant du lecteur au scandale. La célèbre Clairon a eu, dans ses premières années, la douleur de voir ses actions les plus innocentes travesties dans un petit roman obscène, qui eut dix éditions. Pendant la révolution, la Revue des auteurs vivants, grands et petits, continua cet exemple de publicité honteuse. Dans ce libelle , Joseph Chénier était déchiré d’autant plus cruellement, que les détails qui lui étaient personnels avaient rapport à la mort de son frère , dont une faction l’accusait d’être l’auteur.
De nos jours les biographies théâtrales ont eu quelque vogue, quand elles ont été rédigées avec malignité, sans aigreur, et quand les faits faisaient sourire le lecteur, sans ulcérer le cœur des héroïnes ; mais la pudeur publique a fait justice des publications où l’obscénité des faits le disputait à la trivialité du style et à la fausseté des anecdotes.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Cri, synonyme de ‘répétez’ , poussé par le public à la suite d’une représentation. ‘L’usage de bisser un couplet, un air, un final, ne remonte qu’en 1780. C'est à mademoiselle Laguerre qu’on doit cet étrange abus. Cette célèbre chanteuse mit tant d’expression et tant d’âme à chanter l’hymne de l’amour à la première représentation d’Echo et Narcisse, de Gluck, que le parterre voulut l’entendre deux fois. La partie intelligente du public eut beau protester contre cette innovation qui entravait ou refroidissait l’action en substituant l’acteur au personnage, ce fut en vain ; le charme de la voix de mademoiselle Laguerre l’emporta, et l’usage du bis fut désormais introduit sur la scène française.’ (Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.)
Everett Shinn (1876-1953 ), peintre, illustrateur, dessinateur et dramaturge
C’est ainsi qu’on appelait le petit discours, cent fois répété, que faisait jadis l’aboyeur à la porte des petits théâtres, pour attirer le public et lui faire l’éloge du spectacle qu’il l’engageait à venir voir. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Les acteurs des théâtres de Paris où l’on jouait la comédie et le vaudeville désignaient autrefois, avec un petit sentiment dédaigneux, sous cette appellation de ‘théâtres des boulevards’, ceux qui étaient situés sur les boulevards Saint-Martin et du Temple, et tout particulièrement ceux où l’on jouait le drame et le mélo- drame, c'est-à-dire la Porte-Saint- Martin, l’Ambigu, la Gaité et le Cirque. Ils prétendaient, non sans quelque raison d'ailleurs, comme tout le monde a pu le remarquer, que les artistes de ces théâtres, étaient gâté par le goût un peu gros, un peu vulgaire de leurs spectateurs, qu'ils cherchaient l’effet un peu plus que de raison, sacrifiaient souvent le véritable sentiment artistique a désir d'être applaudis, et se laissaient aller dans ce but à une exagération blâmable, qui se traduisait par de grands éclats de voix, des gestes outrés et de fâcheux coups de talon sur le plancher. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Théâtre de la Porte-Saint-Martin : dessin. 18... Source gallica.bnf.fr / BnF
Parade devant un théâtre des boulevards (théâtre des Associés, boulevard du Temple?). Ecole française , Peintre. Vers 1788. Musée Carnavavalet
C’est un terme que nous avons emprunté aux Italiens. En Italie, l’adjectif bravo (brava au féminin, bravi au pluriel), signifie ‘hardi, habile’ et s’applique, comme témoignage de satisfaction, à un chanteur, à un comédien, à un virtuose dont le talent excite la sympathie ; c’est ainsi qu’on dit : bravo il tenore, brava la cantante, bravi tutti ! En mêlant ces exclamations aux applaudissements. Le public français a adopté cette expression, mais en la rendant invariable et en en faisant un adverbe : bravo ! Qui signifie très bien, et qu’il applique indifféremment à un ou plusieurs artistes, de l’un ou de l’autre sexe. On voit que le sens est resté à peu près le même, bien que la nature du mot ait été modifiée. Celui-ci s’emploie aussi substantivement, et l’on dit d’un artiste qu’il a été ‘couvert de bravos’. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Réunion de claqueurs, coterie organisée dans salle de spectacle pour faire échouer pièce ou nuire à auteur
Cabale : Milice exercée au pugilat, machine à sifflet et à claques, armée offensive et défensive, levée et soldée par l’amour-propre et la sottise.
Comme les régiments suisses, elle est dévouée à qui la paie, tire avec plus ou moins de dévouement suivant le tarif.
Dans un siècle où le goût est formé, les cabales ne font de mal aux auteurs qu’un moment. Jamais un bon ouvrage n’y a succombé. La cabale en faveur des talents médiocres ne leur n’est pas plus avantageuse, elle les soutient pendant quelques jours, mais ils retombent avec elle ; et à la longue rien ne peut empêcher l’opinion publique d’être juste et de marquer à chaque chose le degré d’admiration, d’estime ou de mépris qui lui est dû.
Cabaleur : En 1814, le soldat du lustre avait pour consigne de crier quand on sifflait, « bas les bonapartistes ; pendant les cent jours, il disait à la porte les royalistes ; en 1815, à bas les fédérés, puis à bas les jésuites ; depuis juillet 1830, l’homme qui siffle est appelé gendarme, chouan, carliste, henriquinquiste ; la consigne change, les miliciens restent.
Monnier, Henry (1799-1877). Dessinateur du modèle. Cabaleurs. 1830. Source gallica.bnf.fr / BnF
Intime : La cabale des théâtres est organisée hiérarchiquement. Ce pouvoir a ses lois et sa langue nationale ; un chef de cabale, ou si on l’aime mieux, un chef de claques, est un président absolu, avec profit de la vénalité des charges. Entendez-vous sous le lustre ces feux roulants
de bravos, ces tonnerres d’applaudissements ; deux ou trois cents Spartiates sont au poste d’honneur. Mais leur dévouement est soumis à un tarif comme celui du canut lyonnais. Tous ne sont pas rétribués selon leurs œuvres. comme dans la hiérarchie saint-simonienne. Quelques-uns de ces Léonidas reçoivent comme salaire de leur enthousiasme, un assignat de coulisses, un billet qu’ils échangent contre une contremarque, et qu’ils peuvent vendre quand le service de la pièce est fini ; ce billet négociable par permission du chef, se nomme, en style de cabale, un lavable. Un autre genre de billet est appelé l’intime ; celui-là est donné gratis parle chef au conscrit qui fait ses premières armes. Quand la pièce nouvelle est jouée. le subordonné remet son billet ou intime au chef, qui le vend à son profit. Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Intime : Le chef des lustriens, semblable à un maréchal des logis, est entouré de ses soldats ; deux heures avant l'ouverture des bureaux, il distribue ses cartes d'entrée, donne la consigne aux siens, et leur remet le billet de faveur accordé gratis par lui, qui prend la qualité d'intime. Un intime ne peut être vendu, ou, pour me servir du mot technique, lavé, sous peine d'expulsion pour le vendeur ou laveur. Un intime est encore souvent accordé par le chef de cabale à un amateur de spectacles, qui prend l'obligation, en acceptant un billet à moitié prix, d'applaudir la première pièce et de rendre son billet au chef, qui vendra à la porte du théâtre la contremarque pour la pièce suivante ; quelquefois l'oisif qui obtient un intime à moitié prix, s'il applaudit vigoureusement et se fait remarquer par le général, reçoit en indemnité un tiers de l'achat. Les cafés et les cabarets les plus voisins des théâtres servent de quartier-général à ces misérables stipendiés qui infestent nos parterres. Manuel des coulisses ou Guide de l’Amateur Paris. Chez Bezou, Libraire. 1826.
Au dix-huitième siècle, et jusqu’à la Révolution, on donnait chaque année à l’Opéra un certain nombre de représentations dites « de capitation », dont la recette était au profit des acteurs de ce théâtre. Voici comment s’exprimait sur ce sujet le règlement pour l’Académie Royale de musique du 1er avril 1792 : « Il y aura chaque année six représentations au bénéfice de tous les sujets de l’Opéra, représentations connues sous le nom de capitations, parce qu’en effet leur est partagé par tête, au prorata des appointements. Pour chaque capitation, les sujets désigneront les ouvrages qui devront être représentés, mais il seront tenus de les choisir parmi ceux qui ont été donnés dans le courant de l’année. »
Il viendra un temps où l’on refusera de croire que cette famille de monstres ait existé sur la sphère dramatique. Les actes de stupidité de la défunte censure sont encore présents à la mémoire du peuple de coulisses. Un vaudevilliste avait fait servir à un voyageur une salade de barbe de capucin ; le Procuste littéraire envoyait un gendarme ordonner au directeur de changer de salade. Dans un mélodrame, un personnage disait à sa femme : tu me cherches Castilles ? C’est une allusion à l’Espagne, s’écriait le censeur, et le mot innocent était rayé.
Le gaz hydrogène, lui-même, avait été mis à l’index : le gouvernement avait pris fait et cause pour la chandelle dans cette querelle, en faveur des épiciers ; il fut fait défense expresse, au directeur de la Porte-Saint-Martin, de laisser chanter un couplet qui se terminait ainsi :
‘Et près du ciel par un coup de fortune. Si l’on peut mettre un chimique appareil, Bientôt le gaz éclipsera la lune ,
Et pour la nuit nous aurons un soleil.’ Aujourd’hui la censure se fait à l'amiable et par transaction. C’est moins brutal, et voilà
tout.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Il y a deux sortes de chut ! l’un est approbateur : c’est quand le public impose silence à quelques brouillons jaloux ou cabaleurs par un chut ! bien accentué ; il équivaut presque à des applaudissements ; l’autre qui tue net une pièce ou un acteur : c’est quand il s’adresse aux applaudissements que la claque ou quelques amis maladroits tentent pour sauver une mauvaise pièce ou pour faire plaisir à un mauvais comédien. Alors il change de sexe : ce n’est plus un chut ! c’est une chute.
(La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878)
The Prompter. Edward Pustovoitov 1998
Vielle institution. Applaudissements, rires, pleures provoqués aux bons moments. Elle remonte loin. Néron, chantant dans l’amphithéâtre, avait des claqueurs, d’où le nom de romains donné aux ‘claqueurs’. La claque s'est organisée au XVIIe siècle, à la fin du XIXe siècle elle est de moins en moins utilisée et a disparu de nos jours (à la comédie Française la claque a été supprimée en 1902 par Jules Claretie). Le responsable de la claque était appelé chef de meute, ou chef de claque, il traitait directement avec les directeurs, les auteurs et les acteurs, il recevait ‘des trois mains’. Ses troupes étaient divisées en trois classes. La première était composée des purs, des intimes : ceux-là entraient à l’œil ; la deuxième comprenait ceux qui payaient un léger droit, et était, par conséquent mieux composée : on les appelait les lavables, (en argot laver veut dire vendre) parce que quelques-uns revendaient leurs contremarques avec bénéfice : aussi, on les surveillait ; la dernière était composée des solitaires qui payaient leur billet d’entrée aussi cher qu’au bureau, quelquefois plus cher. Ils évitaient ainsi de faire la queue ; c’est tout l’avantage qu’ils en tiraient. Les claqueurs étaient toujours groupés dans le parterre, sous le lustre, ce qui leur avait valu le surnom de chevaliers du lustre. ‘La claque est fille de l’intérêt et de la vanité. Directeurs, auteurs, et acteurs s’entendent pour la soutenir ; le public la subit.’ (La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878) ‘Le mot ignoble de claqueur a été remplacé par entrepreneur de succès dramatiques. Sans brevet ni patente, ce négociant de nouvelle espèce exerce son industrie à la face de la salle entière, sous la garantie de la direction et avec la désapprobation du public.’ (Les secrets des coulisses. Joachim Duflot. 1865.). Applaudisseur : Métier du théâtre : Celui qui est payé pour applaudir, on dit aussi claqueur. Plus utilisé à notre époque. Applaudissements : Théâtre : Approbation vive, manifestée par des battements de mains en signe de félicitations. Témoignage de remerciements du spectateur envers l’acteur, pratique assez universelle. À voir la manière dont elle se dépense, on la croirait de peu de valeur. Elle devrait être d’or fin et distribuait à qui de droit. Heureusement que les comédiens acceptent facilement la fausse monnaie.’ (La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878) Krotos : dieu Grec pour les applaudissements. Soutenir : ‘Terme de claque, synonyme de soigner, mais plus général en ce sens qu’il faut soutenir le médiocre et le mauvais, tant comme pièces que comme acteurs, les bonnes choses se soutenant toutes seules.’ (La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878) Chevalier du lustre : Applaudisseur gagné. Argot de théâtre. On dit aussi Romain.
(Dictionnaire de la langue verte. Alfred Delvau. 1883)
Le claqueur. Lithographie satirique de Honoré Daumier publiée dans Le Charivari
du 13 février 1842, et ainsi légendée : « Nom d’un ; il va falloir chauffer ça ce soir,
une pièce nouvelle en trois actes ; le comique veut que j’éclate de rire,
l’héroïne veut que je pleure, l’auteur veut que je trépigne, jusqu’à la vieille
mère noble, qui désire que je la claque... en v’là de l’ouvrage »
Types et Physionomies de Paris. La claque : rendez-vous des claqueurs du théâtre de l’Opéra, au café de la rue Favart. Gravure parue dans L’Illustration du 15 février 1873
Un auteur a dit que le battement des mains était la langue et la monnaie habituelle des Parisiens. Ils claquent pour les princes, quand ils paraissent et saluent ; ils claquent à l’apparition d’un acteur aimé; ils claquent pour un beau vers; ils claquent ironiquement quand la pièce les ennuie; ils claquent quand ils demandent impérieusement l’auteur; ils claquent pour Rossini et font plus de bruit que tous les instruments de l’orchestre ; ils claquent au tribunal, dans les séances académiques et à l’église ; enfin , le Français babille avec les mains plus qu’aucun autre peuple de la terre n’a babillé avec la langue.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Associé par moitié, par tiers ou par quart, dans une branche quelconque du commerce théâtral. Il y a des collaborateurs qui paient leur mise de fonds en couplets, en calembours. D’autres, dans une association, ne fournissent que les plumes, l’encre, le papier et le fil qui attache le manuscrit. Ce dernier genre de collaborateur est reconnaissable sur l’affiche. Son nom est toujours le premier, et précède celui de ses confrères. C’est le haut pas accordé à la sottise ou à l’opulence, par la modestie ou la misère.
Il y a des collaborateurs qui achètent ce titre, d’autres le possèdent par le seul fait de leur existence ; ils naissent collaborateurs, comme on naissait naguère pair de France. Rêvez-vous un sujet d’opéra-comique, ils vous prouvent qu’ils l’ont rêvé avant vous ou avec vous. Empruntez-vous aux Mémoires du temps une anecdote que vous traduisez en couplets, vous trouvez ces goules théâtrales sous l’urne du comité de lecture. J’ai connu un vaudevilliste qui devenait collaborateur de fait, toutes les fois qu’on avait pensé à un ouvrage devant lui. Un jour, je sortais du cabinet d’une administration dramatique, convaincu que la pièce que je venais de lire était de moi seul ; l’homme en question m’aborda, me sourit, me prit la main et me dit : notre pièce est reçue à l’unanimité : Huit jours après je le trouvai chez l’agent de perception qui touchait nos droits.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Comité de lecture Autrefois, tout théâtre qui se respectait avait un comité de lecture, composé de gens de lettres, qui avait charge de lire toutes les pièces présentées à la direction, et de les accepter ou de les refuser, en faisant connaitre les motifs de sa décision. Non seulement la Comédie-Française et l’Odéon, mais le Gymnase, le Vaudeville, les Variétés, la Porte- Saint-Martin, avaient des comités de lecture. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Le comité de lecture du théâtre Français s'adjoignant des conducteurs / d'omnibus habitués à refuser les pièces. Cham (Amédée Charles de Noé, dit) , Dessinateur-lithographe Destouches, Pierre Louis Hippolyte , Imprimeur-lithographe Arnauld de Vresse , Editeur En 1868 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le directeur du Théâtre Français se faisant blinder pour annoncer aux / auteurs les décisions du comité de lecture. Cham (Amédée Charles de Noé, dit) , Dessinateur-lithographe Destouches, Pierre Louis Hippolyte , Imprimeur-lithographe Arnauld de Vresse , Editeur En 1868 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Cage où l’on élève des canards qu’on nous vend pour des rossignols.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Les mots corde et ficelle étant bannis au théâtre à cause de la référence à la corde du pendu, c'est le mot fil ou guinde qui est utilisé.
Superstition théâtrale : La couleur verte est considérée comme maléfique, dans le monde du spectacle (exception faite des clowns). Il existe plusieurs raisons à cette croyance : Cette superstition pourrait avoir pour origine les dispositifs d'éclairage de scène du XIXe siècle, qui ne mettaient pas en valeur les tons verts. On dit aussi que des comédiens ayant porté à même la peau un costume de couleur verte auraient trouvé la mort, ce qui peut s'expliquer par les effets nocifs de l'oxyde de cuivre ou cyanure utilisé pour l'élaboration de la teinture verte au début du siècle. On dit enfin que Molière serait mort dans un costume vert... Si la couleur verte est réputée maléfique en France, c'est le violet en Italie, le vert et le bleu au Royaume-Uni et le jaune en Espagne.
Louis Jouvet (1887-1951). L'Athénée-Théâtre Louis Jouvet, 1934-1951. Saison 1947-1948. Dom Juan ou Le festin de pierre (1947 ; Jouvet) : théâtre. Élaboration du spectacle. Élaboration des décors et des costumes. 77 maquettes de costumes, par Christian Bérard. Costume. Première statue (verte), 6e tableau (acte V) : costume de squelette habillé. 1947. Source gallica.bnf.fr / BnF
Les coups de talon étaient fameux jadis, à l’époque où le drame et le mélodrame étaient eu pleine efflorescence et passionnaient le public des théâtres de boulevards. Certains acteurs de ces théâtres avaient pris l’habitude, pour forcer l’effet et enlever les applaudissements, de donner, sur la dernière phrase d’une longue tirade, un violent coup de talon sur le plancher. Ce moyen assez singulier d’accentuer la péroraison de la tirade et de montrer qu’elle était finie manquait rarement son but, et l’acteur était effectivement couvert de bravos. Quelques comédiens, parmi lesquels il suffira de citer Rancourt et Mélingue, devinrent fameux par la fréquence et la solidité de leurs coups de talon. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Atelier Nadar. Mesmacker. Gaîté. Voyage de Suzette. 1890. Source gallica.bnf.fr / BnF
Depuis plus de cent cinquante ans, tous les gouvernements qui se sont succédé en France ont eu la coutume de faire donner par les théâtres de Paris, en des jours de réjouissances publiques et pour des circonstances solennelles, des représentations gratis dont ils payaient les frais. Ce que Louis XV et Louis XVI avaient fait à de nombreuses reprises, le gouvernement révolutionnaire le fit à son tour, et dès 1793, organisa sur la plupart de nos théâtres des spectacles gratuits qui étaient d’ailleurs particulièrement soignés et qui attiraient une foule énorme. Les gouvernants d’alors avaient trouvé une singulière formule pour caractériser ces spectacles ; ceux-ci étaient donnés, disaient-ils, de par et pour le peuple, et cette mention était en effet imprimée, en gros caractères, en tête des affiches qui les annonçaient. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Au nom du peuple Français. Égalité. Liberté. Charlier et Pocholle, representans [sic] du peuple… ‘Considérant, que le dernier jour des sans-culotides doit être exclusivement consacré à la joie ;… Imprimerie Républicaine, Imprimeur. En 1794. Musée Carnavalet.
Intervalle entre les actes d'une pièce de théâtre, entre les différentes parties d'un spectacle. C’est à tort que l’Académie et les grammairiens écrivent le mot entr’acte au singulier. Qu’est-ce qu’un entr’actes ? le temps qui s’écoule entre deux actes. Peut-il y avoir entr’actes sans cette condition absolue de deux actes ? Non. On devrait l’écrire au pluriel comme entremets. ‘Repos des artistes et travail des spectateurs, qui cassent du sucre sur la pièce et sur les interprètes. - C’est charmant !... C’est délicieux ! Dans l’espoir qu’on leur dira le contraire.’
Petit dictionnaire humoristique d’argot théâtral. Eugène Joullot.1933
C’est le moment de reprendre haleine, c’est le relai des acteurs et du public; pendant ce temps-là le chameau de la caravane se mouche, le tyran de mélodrame offre une prise
de tabac à sa victime , les nayades , les dryades et les nappées font le change avec les banquiers ; le chanteur file des sons; l’acrobate met du blanc à son soulier, l’amoureuse met du rouge à ses joues, l’amoureux rassure le contrefort de son mollet, le père noble ôte le tabac de sou jabot, et l’ingénue joue avec ses enfants.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Entracte d'une première à la Comédie-Française. Dantan, Édouard Joseph , Peintre 1885 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Croquis dramatiques 1 par Daumier. L'entracte au café. L'entracte au foyer. Daumier, Honoré , Dessinateur-lithographe Martinet (imprimeur-libraire) , Editeur Trinocq, Charles , Imprimeur-lithographe 31-12-1852 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Tout n’était pas rose jadis dans le métier de comédien, et la vie de théâtre, si elle avait ses avantages, elle avait aussi ses inconvénients et ses ennuis, pour ne pas dire ses douleurs. Au dix-huitième siècles, l’acteur était en quelques sorte la chose, l’esclave du public, lequel public avait ses caprices, ses boutades, ses fantaisies, ses cruautés, et ne se faisait nul souci de blesser, d’outrager, parfois d’humilier jusqu’aux artistes qui lui étaient le plus chers. Ce public était d’ailleurs très chatouilleux, très susceptible, toujours porté à croire que le comédien voulait lui manquer de respect, et dans ce cas devenait impitoyable. Le parterre de nos théâtres était nerveux au-delà de toute expression, injuste souvent dans des colères que rien ne légitimait, et toujours prêt à user du sifflet avec ou sans apparence de raison. Les mœurs théâtrales différaient alors essentiellement de celles que nous voyons aujourd’hui, et amenaient souvent les scènes les plus regrettables. Un acteur tardait-il un peu trop à faire son entrée, ou manquait-il de mémoire en scène, ou semblait-il n’être pas en possession de tous ses moyens ? vite, le sifflet faisait rage, ou il voyait pleuvoir sur lui toute une série d’interpellations plus ou moins congrues. Parfois, l’acteur répondait (car, à cette époque, des colloques fréquents s’établissaient entre la salle et la scène), et, si sa réponse déplaisait, les sifflets redoublaient, les clameurs s’accentuaient : la patience échappait-elle à celui qui était l’objet de traitements si fâcheux ? laissait-il entendre à son tour un mot un peu malsonnant ? ou bien une parole, un geste de sa part étaient-ils mal interprétés par les spectateurs ? alors c’était des vociférations, des huées, des injures, un tapage infernal ! En prison ! Au Fort ! l’évêque ! s’écriait-on de toutes parts ; mais avant tout on exigeait des excuses de la part de l’artiste qui avait manqué au public, ou qui était censé lui avoir manqué. En de telles circonstances, que pouvait faire le pauvre comédien ? Quels que fussent sa fierté, et son honnêteté, et le sentiment qu’il pouvait avoir de sa dignité, il avait affaire à plus fort que lui, et généralement il lui fallait céder, car il n’y avait pas d’autre issue à la situation dans laquelle il se trouvait engagé. Il faut remarquer en effet que cette situation n’était en rien modifiée par le fait, qui se produisait quelquefois, de son envoi en prison sur l’ordre des gentilshommes de la chambre : le public impitoyable ne manquait pas alors, quand il reparaissait à la scène après quelques jours de captivité, d’exiger de lui avant toute chose, avant qu’il pût prononcer une parole, des excuses relatives à la conduite qu’on lui reprochait. Et notez qu’il ne s’agissait pas en ce cas de paroles plus ou moins banales, mais d’excuses véritables, de regrets explicites qui devaient être exprimés à genoux, devant toute la salle assemblée. Quelques-uns s’en tiraient, et sauvaient leur fierté vis-à-vis d’eux-mêmes par un trait d’esprit audacieux, par un sous-entendu habile et hardi, dont la portée échappait à l’attention de leurs auditeurs. A la vérité, ce n’était là qu’une satisfaction en quelque sorte platonique et tout à fait personnelle, toute raison étant en apparence donnée au public ; mais n’est-ce pas déjà quelque chose en telle occurrence ? L’un des plus jolis exemples de ce genre est celui qui fut donné par un artiste à qui l’on reprochait d’avoir traité les spectateurs d’imbéciles, et de qui l’on exigeait des excuses ; il les fit en cette phrase courte, qui est un chef-d’œuvre de malice hardie, et dans laquelle, on peut le dire, le public ne vit que du feu : « Messieurs, je vous ai appelés imbéciles : c’est vrai. Je vous fais mes excuses : j’ai tort. » Un autre, c’est Quinault-Dufresne, artiste fameux pourtant et chéri du public, eut maille à partir un jour avec lui, et agit de même façon. Voici comment l’abbé de Laporte raconte l’anecdote : Dufresne, jouant dans Chidéric (tragédie de Morand) d’un ton de voix trop bas, un des spectateur cria : Plus haut ! L’acteur, qui croyait être le prince qu’il représentait, répondit sans s’émouvoir : Et vous plus bas. Le parterre indigné répondit par des huées qui firent cesser le spectacle. La police, qui prit connaissance de cette affaire, ordonna que Dufresne fasse des excuses au public. Cet acteur souscrivit à regret à ce jugement, et, s’avançant sur le bord du théâtre, il commença ainsi sa harangue : « Messieurs, je n’ai jamais mieux senti la bassesse de mon état, que par la démarche que je fais aujourd’hui. » Ce début était assurément très injurieux pour le public ; mais le parterre, plus occupé de la démarche d’un acteur qu’il adorait qu’attentif à son discours, ne voulut pas qu’il continuât, dans la crainte de l’humilier davantage, et Dufresne eut la satisfaction de vexer ceux qui cherchaient à l’abaisser.
En langage de machinerie théâtrale, on donne le nom de fil à tout cordage qui sert à faire descendre du cintre ou à y faire remonter les différentes pièces de la décoration. Quelquefois, la réunion de plusieurs fils est nécessaire entre les mains du machiniste pour lui permettre de faire manœuvrer d’un seul coup les diverses parties d’un fragment de décor ; la réunion de ces fils prend le nom de poignée. Les machinistes, qui sont des gens de ressource, ne manquent jamais certaine plaisanterie dont l’usage est passé en tradition : c’est une amende qu’ils infligent de leur propre autorité à toute personne du théâtre qui, par inadvertance ou par inexpérience, prononce le mot de corde ou de cordage eu parlant d’un fil. (Les mots corde et ficelle étant bannis au théâtre à cause de la référence à la corde du pendu, c'est le mot fil ou guinde qui est utilisé). Si la victime est un petit employé, ou un choriste ,ou un simple comparse, elle en est quitte pour une ou deux bouteilles qui seront proprement vidées à ses frais chez le marchand de vin attenant au théâtre ; mais s'il s’agit d'un artiste important, d'un régisseur, d'un employé supérieur, la chose lui coûte plus cher et se fait avec plus de cérémonie: dès le lendemain matin, une députation de machinistes se rend chez le délinquant, avec un gros morceau de fil dont on a déroulé et écart les filaments dans sa partie supérieure pour lui donner l'apparence d'un énorme bouquet, dont le bout du fil forme la queue. Les députés offrent solennellement ce bouquet à leur victime en lui expliquant la faute dont elle s’est rendue coupable, et celle-ci n’en est pas quitte alors à moins d’un ou deux louis, avec lesquels ou va faire bombance en son honneur. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Il ne faut jamais offrir de bouquet d'œillets à une actrice, en revanche les roses sont très appréciées. L'origine de cette tradition vient de ce qu'à l'époque où les théâtres avaient encore des acteurs permanents, le directeur offrait un bouquet de roses aux comédiennes dont le contrat était renouvelé. Mais pour ne pas faire de dépenses inutiles, celles qui étaient renvoyées recevaient des œillets, fleurs qui coûtent moins cher... Au Royaume-Uni on ne donne aucune fleur avant la représentation, il faut attendre la fin de la pièce. Sarah Bernhardt (1844–1923), la plus photographiée de son époque, était très souvent entourée de roses (gratuites parce qu’elle avait un accord avec les marchands de fleurs). Le langage des fleurs peut être cruel.
Jasmin : C'est à l'Espagne et à l'Arabie que nous devons cette fleur monopétale et odorante. Les Jasmins de France sont fleuris aussi et ne figurent point dans nos herbiers. Les auteurs du siècle dernier baptisaient souvent de ce nom les valets de leurs comédies ; mais le vent régénérateur, a poussé depuis les Jasmins dans le gouffre, où se meurent d'oubli Larose, Lafleur, Latulipe, etc.
L'indiscret. Souvenir des coulisses.
Paris. Au bureau des éditeurs.1836.
‘La cloche, disait un écrivain irrévérencieux, appelait les moines à matines. Par un bizarre effet de sa destinée, elle appelle les comédiens à leurs travaux profanes. Comme on a dit que la cloche était la voix du pasteur, on peut dire qu’elle est la voix du régisseur : elle ne parle pas en vain ; l’amende répond des infractions à ses ordres’ C’est la cloche, en effet, qui règle le service au théâtre, et qui donne le signal des travaux. On sonne, on a sonné, telle est l’exclamation qui se fait entendre aux répétitions, où, lorsque l’heure est arrivée, la cloche, mise en branle dans les couloirs par un garçon de théâtre, fait savoir à chacun que le moment est venu de se rendre à son poste. Il en est de même le soir, où trois volets de coups de cloche retentissent, l’une trois quarts d’heure, l’autre une demi-heure, la troisième un quart d’heure avant le commencement du spectacle, afin que chacun ait la notion exacte du temps. Enfin, dans chaque entr’acte, quelques instants avant le commencement de l’acte nouveau, la cloche se fait entendre encore, surtout pour prévenir les artistes de l’orchestre qu’ils aient à aller reprendre leur place. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Comment les comédiens italiens purent parler français. Les acteurs de la Comédie Française voulaient empêcher ceux de la Comédie Italienne de parler français. Cette affaire fut portée devant Louis XIV, qui entendit les avocats des deux troupes : Baron et Dominique. Lorsque Baron (Comédie Française) eut plaidé la cause de ses camarades, le roi fit signe à Dominique (Comédie Italienne) de parler à son tour. Cet acteur dit au roi : - Quelle langue Votre Majesté veut-elle que je parle ? - Parle comme tu voudras, dit le roi. - Je n’en veux pas davantage, répond Dominique ; ma cause est gagnée. Le roi, après avoir ri de l’interprétation donnée à sa parole, dit : - La parole est lâchée, je ne la retirerai pas. Anecdotes de théâtre, 1875
Louis Léopold Boilly. L’effet du mélodrame. 1830.Versailles Musée Lambinet
"Le départ des comédiens italiens" © Watteau, paru dans "Petite histoire de l’art et des artistes" - Léon Chancerel, p.87, Paris.
Lorsqu’on veut s’assurer à l’avance une ou plusieurs places dans un théâtre, pour un jour précis, on les prend ‘en location,’ c’est-à-dire qu’on les choisit à son gré et qu’on les paie d’avance, au lieu d’attendre le jour du spectacle et de risquer de n’eut point trouver et d’être mal placé, s’il agit d’une pièce à succès. Mais le théâtre ne vous accorde cet avantage (en France du moins) qu’en échange d’une surtaxe sur le prix ordinaire des places que vous retenez ainsi, surtaxe qui atteint au moins le dixième et souvent le cinquième de ce prix. En un mot, le prix des places en location est toujours sensiblement plus élevé que celui des places prises au bureau. Au reste, on ne délivre en location que les loges et les places d’une classe un peu élevée ; les petites places : parterre, dernière galerie, dernier amphithéâtre, ne se louent point d’avance et ne se prennent qu’au bureau. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Albert Guillaume (1873-1942) Au théâtre
C’est le cri que fait entendre dans chaque théâtre, au moment de commencer le spectacle ou dans les entr’actes, un industriel dont la spécialité est en effet de louer des lorgnettes aux spectateurs qui ont oublié de se munir de cet instrument utile. A cet effet, ledit industriel colporte, dans une petite boîte ad hoc tout un chargement de ces instruments, parmi lesquels l’amateur n’a qu’à faire son choix. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie. (Voir : Lorgnettes)
Albert Guillaume (1873-1942) La Loge au théâtre
Ceci est un des produits les plus récents, mais non pas les moins heureux, de l’art théâtral. En 1868, un homme ardent et convaincu, M. Ballade, ancien artiste de la Comédie- Française, se mettait en tête d'organiser, dans la salle du théâtre de la Gaîté, des représentations de jour qui avaient lieu chaque dimanche, et dans lesquelles, habile en exhumations pleines d'intérêt, il faisait connaître au public certaines œuvres de notre théâtre, abandonnées depuis bien longtemps, qu'on ne pouvait alors juger que par la lecture, et qu'il entourait de tous les soins imaginables, en faisant précédé leur exécution d'une conférence historique et critique faite par un de nos écrivains spéciaux les plus en renom. L'idée était intelligente, ingénieuse, et obtint te plus grand succès. Mais voici qu’après quelques années, nos théâtres s’avisèrent que ce qui avait si bien réussi à M. Ballande pourrait bien leur réussir aussi ; quelques-uns se mirent de la partie, d’autres les suivirent bientôt, et aujourd’hui, chaque dimanche, tons les théâtres parisiens, depuis la Comédie-Française et l’Opéra-Comique jusqu’au théâtre Cluny et aux Menus-Parisiens, donnent une matinée qui, commençant à une heure et demie, finit à cinq heures, sans préjudice de la représentation du soir. Je ne dis pas que les comédiens aient lieu d'être très satisfaite d'un tel régime, qui s'étend même aux jours de grandes fêtes et qui, une cinquantaine de fois par an, leur impose le fardeau de deux spectacles dans la même journée ; mais il est certain que le public parisien goûté très fort cette innovation, et que les matinées dramatiques du dimanche, aujourd'hui passées dans les mœurs, continuent d'obtenir le plus grand succès. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
William Holyoake (1834-1894). ‘In the Front Row at the Opera’. 1880
Superstition théâtrale "bonne chance" : Souhaiter "beaucoup de merdes" aux artistes, avant une représentation équivalait à leur souhaiter beaucoup de spectateurs. !. Cette expression daterait de l'époque où les gens riches venaient au théâtre en calèche, les voitures à chevaux stationnaient là et une odeur pestilentielle aux abords du théâtre, pouvait signifier " salle comble ». Cette "garniture" étant directement proportionnelle au nombre de spectateurs, c'était faire preuve de bienveillance que de souhaiter "beaucoup de merdes" aux artistes. En Espagne aussi, les gens du théâtre, utilisent des pareilles expressions ("mucha mierda"), au Royaume-Uni, le sort est conjuré par Break a leg ! (casse-toi la jambe !) ; en Allemagne on dit Hals und Beinbruch ! (bris de cou et de jambe) ou bien Toï, toï, toï, répétition de la première syllabe de Teufel (diable).
Voir : Trou du rideau - Œil du rideau
République Française. Préfecture de Police. Ordonnance sur la limitation temporaire des jours d’ouverture des salles de spectacle et de réunion. Anonyme , Imprimeur. En 1917. Musée Carnavalet.
Sous l’empire, l’argent du trésor payait une pièce de circonstance jusqu’à mille écus. La restauration réduisit à 5oo fr. la taxe due au patriotisme des vaudevillistes. Souvent Charles X n’a jeté qu’un sac de cent écus devant les goules littéraires. Louis-Philippe ne leur a pas donné de pâture. Il y a une note bibliographique que M. Beuchot a oublié de consigner dans les Annales de la Librairie; elle est relative à un vaudeville, composé pour la naissance du roi de Rome; il a été payé par Napoléon ; revenu sous la restauration , à l’occasion de la naissance du duc de Bordeaux , il a été payé de nouveau par la duchesse de Berry, et offert , en troisième main , à Ferdinand, roi d’Espagne, lors de la naissance de sa fille ; l’auteur a reçu sa troisième lettre de congratulation en levant sa troisième contribution,
Les hommes à couplets , comme dit lord Sun-derland-Bouffé, trouvent toujours l’ivresse et l'allégresse, pour rimer avec le peuple qui se presse... sous tous les régimes.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Lorsque, sur la foi de l’affiche, le public a pris place dans une salle de spectacle, et qu’un événement subit et imprévu, tel qu’une indisposition d’un acteur qui le met dans l’impossibilité de jouer, vient empêcher la représentation et obliger le théâtre à faire relâche, l’administration fait rendre aux spectateurs l’argent de la place qu’ils ont payée. L’un des premiers exemples d’un fait de ce genre est sans doute celui-ci, qui se produisit en 1688, à la Comédie-Française. On avait repris depuis quelques jours l’une des plus fameuses pièces à machines de Pierre Corneille, la Toison d’or, et on en donnait la dixième représentation ; le prologue était à peine terminé, que la nouvelle arriva au théâtre de la mort de la reine ; ou interrompit aussitôt le spectacle, et l’on fit rendre l’argent aux spectateurs. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Pierre Corneille est un auteur et un dramaturge prolifique. Derrière cet air sérieux, Pierre Corneille cache l'une des plumes les plus aiguisées du 17ème siècle. Roi du genre tragique, petit prince du genre comique, il s'essaye à tout et prend plaisir à casser les codes dramatiques classiques.
Le tableau du Bénéficiaire, tracé de main de maître," par Théaulon, n’a rien laissé à expliquer sur ce mot. Une représentation à bénéfice dans certains théâtres se traite de gré à gré avec l’administration.
Le directeur prend tout, il laisse le reste au bénéficiaire.
Billets gratis. (2 places)
Droits des pauvres : 2 fr.
Un petit banc, impôt d’ouvreuse : 50 c.
Un bouquet .de roses ou de violettes, impôt de galanterie : 1 fr. 50 c.
Une boîte de boules de gomme, préservatif contre les vapeurs du gaz : 75 c.
Le Journal Entr’acte, ou Vert-Vert : 15 c.
Prix d’un billet gratis : 4 f r. 90 c.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
L’art de la fin
Au théâtre, le salut est souvent un spectacle en soi Lorsqu’elle est réussie, la révérence finale des acteurs est un moment de vérité inoubliable où l’art et la vie s’entrelacent. Certains artistes en font une œuvre en soi. Il a son histoire, comme le rappelle l’essayiste Georges Banu, qui d’un livre à l’autre éclaire les pratiques de la scène. Au début, il y a Shakespeare, la foule en cercle et l’adresse finale des comédiens, celle-ci par exemple dans Le Songe d’une nuit d’été : « A tous bonne nuit de tout cœur. Si nous sommes amis, applaudissez très fort. » En ce temps-là, taper dans les mains, c’est aussi répandre la bonne nouvelle d’un spectacle réussi, note l’historien. La représentation ne se conçoit pas sans cette clôture. La foule des marquis et des perruches de cour a beau piailler, s’esclaffer, voleter pendant que Molière et ses acteurs exécutent leur comédie, la troupe finit toujours par s’incliner à la face du prince ou du Roi Soleil. Le salut est historiquement un hommage au commanditaire. Alexandre Demidoff - 2014 – Le temps - Rubrique l’art de la fin – Internet
‘Le vrai portrait de Mr Molière en habit de Sganarelle’ Estampe de Claude Simonin (1635-1721)
C'est une lampe (une ampoule domestique de faible intensité) une ‘baladeuse’ posée sur un pied, placée généralement au milieu du plateau, en devant de scène, qui reste allumée quand le théâtre est plongé dans le noir, déserté entre deux représentations ou répétitions. Régulière, permanente, c’est elle qui veille lorsqu’il n’y a plus personne et assure aux acteurs et aux techniciens, l’éclairage indispensable pour ne pas se heurter aux murs et aux décors. Cette veilleuse est parfois appelée sentinelle et ne manque pas, de par son nom, d’être associée à l’idée de service rendu, de domestique fidèle et dévouée. A mon avis, son origine proviendrait de problématiques de sécurité et surtout dû aux feux de théâtres (très fréquents aux XVIII et XIX e siècle) , feux qui se produisaient souvent après les représentations, restes d’effets pyrotechniques mal éteint, ou dus aussi à des problèmes électriques, (ou actes mal vaillants) et pour cela on laissait dans le théâtre, la nuit après les représentations, un pompier de service (de garde), qui veillait sur scène avec un éclairage minimum, le rideau de fer baissé, afin de pouvoir détecter un éventuellement début d’incendie (plus facile dans la pénombre). Deux références à ce sujet : l’un à l’ouvrage de Georges Moynet (architecte), ‘La machinerie théâtrale’ publié sans date (vers 1893) (A la librairie illustrée), l’autre à l’ouvrage de M.J Moynet, ‘L’envers du théâtre’ publié en 1888 (Librairie Hachette et Cie) et dont voici les extraits : « Voici l’escalier, aux marches revêtues de plaques de fonte, qui donne accès aux étages de loges. Quelques degrés nous amènent à une porte de tôle qui bat en tous sens. Nous sommes sur la scène. La première impression est curieuse. Un silence lourd plane dans ce vaisseau immense, que remplit à d’autres heures l’animation, le bruit, et les chants d’une foule. Le plus souvent, une obscurité profonde jette un voile opaque sur toute choses. Devant le rideau de tôle pleine qui sépare la salle de la scène, une petite lumière éclaire d’une lueur douteuse le pompier de garde, entouré des agrès destinés à éteindre un commencement d’incendie. » « Après avoir traversé un corridor et franchi un escalier peu éclairé, nous entrons dans un grand espace, dont nous ne distinguons pas bien les extrémités à cause de l’obscurité. Une petite lanterne, placée sur une table, jette assez de lumière pour faire jaillir un point brillant sur le casque d’un pompier assis à côté. » La servante est de plus en plus remplacée par un éclairage de service appelé souvent le balayage (éclairage placé dans le gril technique de la salle ou de la scène) qui est plus utilisé pour des raisons pratiques (circuler sans encombre) que de sécurité (surveillance contre un incendie). En anglais, elle est nommée Ghost Lamp, en référence aux fantômes qui hantent le théâtre quand il se vide (notamment le lundi soir, jour de relâche, appelé Ghost Night). Olivier Py, auteur de théâtre français contemporain, a titré une de ses pièces, La Servante, histoire sans fin cycle de 5 pièces et 5 dramaticules d'une durée totale de vingt-quatre heures, hommage métaphorique à cette fragile présence dans le noir vacant de la cage de scène, en attente de vie, présentée en intégrale au Festival d'Avignon 1995 et repris à la Manufacture des Œillets à Ivry en 1996.
Superstition théâtrale : Ne jamais siffler sur scène ou en coulisse. On prétend que cela attire les sifflets du public. En fait cette superstition vient de ce que les régisseurs de théâtre utilisaient autrefois des sifflements codés pour communiquer entre eux les changements de décors. Un acteur sifflant pouvait alors semer la confusion dans le bon déroulement technique du spectacle. ‘ Siffler au théâtre est témoigner son mécontentement, comme applaudir est un signe de satisfaction. Ces deux manifestations sont spontanées et ont le même droit d’exister.’ ‘ Les athéniens se servaient du sifflet, ce qui lui fait une respectable ancienneté, pour signaler les mauvais passages d’une pièce ou le mauvais jeu d’un acteur ; ils avaient même pour cet usage une espèce de flûte de Pan dont chaque son, ou chaque tuyau, indiquait le degré de critique qu’ils entendaient faire. L’origine du sifflet en France est, comme beaucoup d’autres choses, assez problématique ; les uns disent qu’on l’entendit pour la première fois à propos de l’Aspar de Fontenelle, en 1680 ; d’autres au Baron de Fondrières de Thomas Corneille, en 1686. Dans l’un comme dans l’autre cas, ce serait un Rouennais qui en aurait eu l’étrenne.’(La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878)
Lors des spectacles gratis avant la révolution, les charbonniers et les poissardes occupaient, suivant l’usage, les deux balcons. L’abolition des privilèges a fait rentrer les
hommes noirs et les dames blanches de la Halle dans le droit commun des spectateurs et ils n’occupent maintenant au spectacle, à une représentation gratis que la place qu’ils savent conquérir des épaules et des poings. Autrefois aussi, il était d’usage de donner bal sur les planches après la représentation, et les comédiens étaient dans l’obligation de faire quadrille avec messieurs les gardes françaises et les courtisanes du quai des Racoleurs. Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
On sait l’amour des Parisiens pour le spectacle. Aussi n'est-ce pas d’aujourd’hui qu’on a pris l’habitude de faire intervenir les spectacles gratis dans toutes les grandes réjouissances publiques destinées à célébrer tel ou tel événement mémorable. Naguère, c’était à l’occasion de la convalescence du souverain ou d’un membre de la famille royale à la suite d’une longue maladie, de l’heureux accouchement de la reine ou d’une princesse, d’une grande victoire remportée, de la publication d’un traité de paix, de la fête du monarque, etc. Pendant la période révolutionnaire, la Convention établit dans tons les théâtres la coutume de spectacles gratis donnés périodiquement avec cette formule : De PAR ET POUR LE PEUPLE, et sous le premier comme sous le second empire, ces spectacles devinrent l'accompagnement obligé des réjouissances offertes à la population le jour de la fête du souverain. La République a conservé cette coutume, et chaque année, au 14 juillet, jour fixé pour la grande fête nationale en souvenir de la prise de la Bastille, dont il est l’anniversaire, nos théâtres ouvrent gratuitement leurs portes au public. Il va sans dire que si ces fameux spectacles sont donnés gratis, ce ne sont point pourtant les théâtres qui en font les frais, mais que ceux-ci sont remboursés par l’État de la recette qu’ils auraient pu faire en donnant leur représentation ordinaire. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Une loge, un jour de spectacle gratuit, Boilly Louis Léopold, 1830, Musée Lambinet de Versailles. Ce tableau met en scène de manière burlesque la passion populaire pour le théâtre. Ces personnes de milieu populaire s’agglutinent dans une loge qui se fait étroite afin de profiter d’une représentation gratuite.
Voltaire disait souvent qu’il serait fort utile que les bons acteurs de Paris allassent tous les ans inspirer le bon goût en province. Le goût doit être bien épuré dans les théâtres de nos départements et de l’étranger, car depuis dix ans on ne voit que nos acteurs en ‘mallepostes’et nos danseuses en paquebot. Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
Il y a déjà longtemps que les acteurs en renom des principaux théâtres de Paris ont pris l’habitude de se faire accorder chaque année un congé d’un mois ou deux, non pour se reposer, comme on pourrait le croire, mais pour aller se joindre à certaines troupes de province et donner des représentations qui eux sont généralement très fructueuses. Ils font ainsi des tournées, pendant lesquelles ils parcourent un plus ou moins grand nombre de villes. On voit aussi maintenant des troupes s’organiser spécialement à Paris pour aller exploiter en province exclusivement une grande pièce à succès, dont l’auteur leur confie l’interprétation à l’exclusion de toute antre. Ces troupes font d’immenses tournées avec cet ouvrage et se dissolvent ensuite, après avoir mine les pauvres directeurs de province qui n’ont même plus la ressource de pouvoir jouer les nouveautés en vogue. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie
Au théâtre, les trois coups sont frappés avec un bâton appelé brigadier sur le plancher de la scène, par le régisseur, juste avant le début d'une représentation, pour attirer l'attention du public, particulièrement quand il y a un lever de rideau. Cette tradition se perd dans la nuit des temps, alors plusieurs hypothèses : 1 / Cette tradition, plus particulièrement française, peut provenir du Moyen Âge, où trois coups, symbolisant la Trinité (le Père le Fils et le St-Esprit). Ces trois coups pouvaient être précédés de onze autres martelés (douze apôtres moins Judas) et cela probablement pour obtenir le silence du public. Le théâtre avait lieu dans la journée, en lumière naturelle. 2 / Une autre explication fait correspondre les trois coups à trois saluts que les comédiens exécutaient avant de jouer devant la Cour : le premier vers la reine (côté cour), le deuxième vers le roi (côté jardin), et le troisième pour le public. 3 / Encore une explication, dans le théâtre classique français, le régisseur martelait le sol afin d’annoncer le début de la représentation aux machinistes. Ensuite, un premier coup venu des cintres, lui répondait, un second montait du dessous de scène et un troisième des coulisses. Chaque machiniste se trouvant donc bien à son poste, le régisseur pouvait ouvrir le rideau. Pendant des années, au XVIIe siècle la Comédie-Française frappait six coups afin matérialiser la jonction des deux troupes, celle de l'Hôtel de Bourgogne et la Troupe de Molière. La tradition des trois coups existe encore en particuliers dans les théâtres "de boulevard". Dans le théâtre contemporain, où parfois la scène n'est plus aussi bien délimitée, les trois coups ont souvent disparu.
Voir : Argot des coulisses : Brigadier
Lorsque tout est prêt, que le décor est posé, que les symphonistes sont à l’orchestre, le souffleur dans son trou, chacun à son poste, le régisseur fait faire place an théâtre, et, placé derrière le rideau d’avant-scène, certain qu’il peut compter sur le concours de tous, frappe solennellement, avec son lourd bâton, les trois coups que le public attend toujours avec quelque impatience et qui sont le signal du commencement. Dans les temps ordinaires, ce signal n'a d'importance qu’en ce qui touche la bonne allure et la marche régulière du spectacle ; mais lorsqu'il s'agit de la première représentation d'une œuvre considérable, d'une œuvre qui peut être appelée à tenir une place, à marquer une date dans l'histoire de l'art, que d'anxiétés, que de craintes, que d'hésitations, que d'espoirs semblent contenus dans ces trois coups que le régisseur fait résonner à intervalles égaux sur le plancher de la scène. Et pourtant, ce bâton en lui-même est fort insensible, et il agit avec la même indifférence, la même impassibilité, qu’il s’agisse d’Hernani, des Lionnes pauvres, des Huguenots du Pré aux clercs, ou du dernier des vaudevilles qui sera joué dans le dernier des bouis- bouis par les derniers des comédiens. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
C’est le signal inévitable de rassemblement pour les brigands de l’école classique du mélodrame. Dans les œuvres de M. Guilbert de Pixérécourt, il y a toujours un M. Paolo qui donne à minuit trois sons de cor, près des roches noires de la citerne ; quand le mélodramaturge ne peut pas placer ses roches noires ni sa citerne, il fait donner ses trois sons de cor par les montagnards de la grotte terrible qui descendent dans la plaine, par le sentier tortueux de l’ermite.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835
(René-Charles Guilbert de Pixerécourt, né le 22 janvier 1773 à Nancy où il est mort le 25 juillet 1844, est un dramaturge, directeur de théâtre, traducteur et bibliophile français.)
Portrait de Guilbert de Pixérécourt, 1822 Huile sur toile, Nancy, musée des Beaux-Arts.
Petit trou dans le rideau de scène permettant de voir la salle discrètement. "Et le trou du rideau, c'est un petit hublot par lequel on vient regarder si la salle n'est pas houleuse car, d'un four, on dira que la pièce a sombré.". ‘ Ces deux trous ronds, placés de chaque côté du rideau, et auxquels vous voyez souvent deux doigts et un œil apparaître, sont des observatoires qui servent au directeur pour constater le mouvement de la recette, et, à ces dames, pour faire des signaux aux amis qui se trouvent dans la salle, ou pour les épier.’
La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878
Trou pratiqué dans la toile qui sépare la scène de la salle. C’est l’observatoire du directeur, qui questionne le plein ou le vide. De temps en temps des petits signaux qui vont à leur destination partent de là comme un fanal d’amour. Plus d’une Héro fait signe ,avec le doigt d’un gant blanc , à son Léandre , qui entendra gronder l’orage du fond de l’avant-scène. On citait, il y a quelque temps, une jeune amoureuse, qui, comme César, dictait quatre réponses en style différent. Elle changeait de gants quatre fois dans un entr’acte. Le gant blanc répondait au banquier ; le gant noir, au notaire D....; le gant jaune, à l’officier de pompiers ; le gant aventurine , au chef de cabale.
Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835