13 Feb
13Feb

Histoire du théâtre par l'image. Compagnie Liebig.

1 / Une représentation chez les anciens Grecs.

Une représentation chez les anciens Grecs. La poésie dramatique en Grèce prit naissance à l’époque des guerres médiques. Les principaux poètes sont Eschyle, Sophocle, Euripide et Aristophane (les trois premiers pour la tragédie, le dernier pour la comédie). Les représentations commençaient le matin et duraient la journée entière ; elles avaient lieu à ciel ouvert dans des théâtres de grandeur considérable. Les changements de scène tels qu’on les voir de nos jours étaient alors inconnus. Les acteurs ne jouaient que la figure garnie d’un masque, dans le genre de celui reproduit à la partie supérieure de la vignette ; en outre, pour paraître plus grands, ils portaient aussi des chaussures à semelle épaisses qu’on appelait cothurnes.


Histoire du théâtre par l'image. Compagnie Liebig.

2 / Mystère Moyen âge

Le moyen âge n’avait pas de théâtre à proprement parler comme l’antiquité. On représentait souvent les pièces appelées ‘Mystères’, de caractère religieux, sur les places publiques, dans les cours appropriées, etc. La scène était une construction en bois à 3 étages (l’Enfer, la Terre et le Ciel). Les acteurs n’étaient généralement pas des gens du métier, mais de bons bourgeois et des artisans. Les représentations duraient au moins toute la journée et souvent même elles se prolongeaient pendant des semaines entières et provoquaient toujours une affluence énorme de spectateurs. A cette époque les coulisses n’existaient pas encore et on se servait que de quelques décors mobiles. En dehors des ‘Mystères’, il y avait aussi les farces de carnaval que l’on désignait sous le nom de comédies scolaires.


Histoire du théâtre par l'image. Compagnie Liebig.

3 / Le premier théâtre de Shakespeare

Sous l’influence des ‘Mystères’ et des spectacles allégoriques ou symboliques, il se développa en Angleterre une littérature dramatique dont les productions furent représentées dans des locaux appropriés, par des troupes composées pour la plupart de gens de mauvaise réputation. Le premier théâtre de ce genre date de l’année 1576 et fut ouvert dans un local dépendant d’un couvent de Dominicains. Shakespeare aussi y représentait ses drames, en y remplissant lui-même un rôle. En 1595, sa troupe ouvrit le ‘Globe Théâtre’ dans Bankside comme première scène de Shakespeare. Ce théâtre était formé d’une avant-scène précédent la scène proprement dite. Celle-ci était surélevée de quelques marches garnie d’un balcon et fermée par un rideau ; pour le reste il n’y avait que quelques décors mobiles. La désignation du lieu où se passait l’action, tel que forêt, place publique, etc., était inscrite sur un tableau noir. Les rôles féminins étaient remplis par des hommes. Shakespeare vécut de 1564 à 1616.


Histoire du théâtre par l'image. Compagnie Liebig.

4 / Le théâtre français sous Louis XIV

Le théâtre français tire également son origine des anciens ‘Mystères’ et des jeux de la Passion. C’est sous Louis XIV qu’il se développa et que Corneille, Racine et Molière le portèrent à sa plus grande splendeur. Bien qu’à cette époque il existait déjà des salles de théâtre pouvant contenir jusqu’à 3 000 spectateurs, avec, de plus un corps de ballet et pourvus d’aménagements mécaniques, les poètes que nous venons de citer préférèrent néanmoins faire jouer leurs œuvres devant la cour ou dans des salons privés en présence d’un auditoire d’élite. Le plus important de ces trois poètes était Molière : c’est lui qui, avec sa troupe, en 1689, forma et fonda ainsi le célèbre ‘Théâtre Français’.


Histoire du théâtre par l'image. Compagnie Liebig.

5 / La passion à Oberammergau

Dans l’une des plus belles vallées de l’Oberland bavarois, dans le village d’Oberammergau, ont lieu tous les dix ans des représentations de la Passion universellement renommées. Elles sont données par des paysans du village avec accompagnement d’une musique composée par un de leurs anciens instituteurs et organistes (Dedler, mort en 1822), sur une scène en plein air qui représente une rue de Jérusalem. Devant cette scène s’étend en amphithéâtre la vaste salle pour les spectateurs. Aux représentations participent environ 550 personnes exclusivement prises parmi les gens de l’endroit. Les représentations ont lieu le dimanche et le lundi et durent environ 9 heures.


Histoire du théâtre par l'image. Compagnie Liebig.

6 / Le théâtre moderne

Alors que le théâtre était autrefois et jusqu’au 18e siècle, un divertissement réservé surtout à la haute société, le développement progressif du goût public conduisit à partir de cette époque à la reconstruction de salles de spectacle plus spacieuses et contribua pour beaucoup à la formation de véritables artistes de carrière. De nos jours il existe partout un nombre infini de théâtres qui sont en général, et surtout ceux destinés à la représentation d’opéras, des constructions somptueuses, de décoration très artistique. Après de nombreux tâtonnements, la forme adoptée pour la construction de la salle fit le cercle, tronqué par l’avant-scène et le rideau, considéré plus favorable encore que l’ellipse à la circulation du son et à la bonne distribution de l’intérieur.


1791 - Un décret républicain

13 janvier 1791
Un décret républicain supprime le monopole et les privilèges des grands théâtres nationaux. Loi de libéralisation des théâtres le 13 janvier 1791, jusqu’au décret du 29 juillet 1807 limitant à huit le nombre de théâtres dans la capitale. Article 1er : Tout citoyen pourra élever un théâtre public et y faire représenter des pièces de tous les genres, en faisant, préalablement à l’établissement de son théâtre, sa déclaration à la municipalité des lieux. Article 2. Les ouvrages des auteurs morts depuis cinq ans et plus sont une propriété publique et peuvent, nonobstant tous anciens privilèges, qui sont abolis, être représentés sur tous les théâtres indistinctement. Article 3. Les ouvrages des auteurs vivants ne pourront être représentés sur aucun théâtre public sans le consentement formel et écrit des auteurs, sous peine de confiscation du produit total des représentations au profit de l’auteur. Article 4. Les entrepreneurs ou les membres des différents théâtres seront, à raison de leur état, sous l’inspection des municipalités. Il ne recevront d’ordres que des officiers municipaux, qui ne pourront pas arrêter ni défendre la représentation d’une pièce, sauf la responsabilité des auteurs et des comédiens, et qui ne pourront rie enjoindre que conformément aux lois et aux règlements de police….»


1807 - Le décret Impérial

1807 : 27 juillet : (Le 10 thermidor an XV), Napoléon signe un décret réduisant le nombre de théâtres de Paris à huit, et donnant force de loi à un arrêté du ministre de l'intérieur du 25 avril de la même année (au moins 25 théâtres sont fermés, des règles strictes et restrictives pour les survivants) A Paris les huit salles sont : Les grands théâtres : Le Théâtre Français (Théâtre de S.M. l'Empereur), consacré à la tragédie et à la comédie, Le Théâtre de l'Impératrice, considéré comme une annexe du précédent Le Théâtre de l'Opéra (Académie impériale de Musique), consacré au chant et à la danse Le Théâtre de l'Opéra-Comique, destiné aux « comédies ou drames mêlés de couplets, d'ariettes et de morceaux d'ensemble » Les théâtres secondaires : Le Théâtre du Vaudeville, dédié aux « petites pièces mêlées de couplets sur des airs connus », Le Théâtre des Variétés, dont le répertoire est composé de « petites pièces dans le genre grivois poissard ou villageois », Le Théâtre de la Porte Saint-Martin, destiné aux mélodrames et aux pièces à grand spectacle, Le Théâtre de la Gaîté, dévolu aux « pantomimes de tous genres, mais sans ballets, aux arlequinades et autres farces, dans le goût de celles données autrefois par Nicolet ». Tous les théâtres non autorisés sont fermés avant le 15 août. En province, la situation est également réglementée, arrondissement par arrondissement. Ainsi, les villes qui peuvent avoir jusqu'à deux théâtres sont Lyon, Bordeaux, Marseille Nantes et Turin. Par contre Rouen, Brest, Bruxelles, Toulouse, Montpellier, Nice, Gênes, Alexandrie, Gand, Anvers, Lille, Dunkerque, Metz et Strasbourg ne peuvent avoir qu'une seule troupe « stationnaire » (permanente). Les 25 théâtres parisiens condamnés à disparaître : Nouveaux-Troubadours (Délassements Comiques) / ….


Boire et manger

Le boire et le manger La consommation excessive de nourriture et de boissons ainsi que l’étalage des fonctions corporelles contraient les processus de la civilité. Le boire et le manger étaient des activités communes au parterre ; en plus des cafés et tavernes aux alentours des théâtres, chacun des théâtres privilégiés avait un limonadier, servant dans un café en-dessous de l’amphithéâtre et vendant de la nourriture et des boissons aux clients.  Pour ce qui concerne la Comédie-Française jusqu’à 1770, il semble que le Procope, de l’autre côté de la rue, fournissait des rafraîchissements pour les spectateurs de celle-ci. La consommation des boissons conduisait à bien des turbulences, comme le 4 octobre 1739, quand un ‘ci-devant sous-brigadier des fermes’ frappa un autre spectateur avec sa canne, menaça de frapper les gardes qui finalement l’arrêtèrent et injuria avec véhémence ceux qui l’arrêtaient. Quand les agents de police lui demandèrent son nom, ce contrôleur des impôts saoul et non coopératif rétorqua qu’il s’appelait ‘va te faire foutre’. Les excrétions corporelles aussi bien que le boire et le manger se rencontraient dans les parterres surpeuplés. Un lundi 13 janvier 1777, la Comédie-Française déçut son public, qui comprenait la Duchesse de Bourbon, quand elle fut incapable de représenter Les Horaces, à cause de l’absence inexpliquée de l’acteur principal. Les comédiens cherchèrent à adoucir le parterre mécontent, mais leurs efforts se révélèrent futiles, comme le rapportent les Mémoires Secrets : ‘Cependant le Parterre témoignait son humeur ; en vain a-t-on voulu calmer par un discours préparatoire, cela ne s’est terminé qu’en offrant de rendre l’argent aux mécontents. Un d’eux a poussé l’indécence jusqu’à faire ses ordures au milieu de l’assemblée, escorté et soutenu par quelques polissons. Pareil geste signifiait le manque de volonté du public de suivre les règles habituelles de l’échange gouvernant la relation spectateur-spectacle. Cet acte de transgression pourrait être interprété comme une protestation envers les mesures qui visaient à réprimer le parterre. Il est assez intéressant de voir que l’auteur des Mémoires Secrets continue à raconter l’incident en notant : ‘La Duchesse de Bourbon est restée, mais n’a point voulu être juge entre le Public et les Comédiens, comme ceux-ci le désiraient, ou plutôt elle leur a déclaré qu’il fallait se rendre au désir du premier’. Le texte ne spécifie pas si la Duchesse est restée en dépit de la représentation stercorale dans le parterre ou en dépit de la représentation substituée. Sa volonté de ne pas contredire le parterre indique cependant qu’elle reconnaît la réponse du parterre au changement de programme inconsidéré et abrupt des acteurs. 

Le théâtre et ses publics : pratiques et représentations du parterre à Paris au XVIIIe siècle Jeffrey S. Ravel

Gustave Doré (1832-1883). Dessinateur du modèle. The Penny Gaff. 1872. Source gallica.bnf.fr / BnF


Droit des pauvres

Le droit des pauvres ou droit des indigents était en France un impôt prélevé sur les recettes des spectacles en faveur de l'Assistance Publique. ‘ Ce droit remonte aux origines de notre théâtre. Un arrêt du 10 décembre 1541 ordonne aux entrepreneurs du “jeu du Vieux Testament de donner mille livres aux pauvres, après avoir vu l’état de leurs frais et gain” Un autre arrêt de François 1er porte que “Les théâtres bailleront aux pauvres mille livres tournois, sauf à ordonner plus grande somme” Cet impôt prélevé sur le plaisir est, malgré la guerre à outrance que lui font MM. les directeurs, le plus juste et le plus humain qu’on puisse établir. Né, en principe, des deux arrêts ci-dessus indiqués, il fut régularisé par Louis XIV dans l’ordonnance du 25 février 1699, pour la levée, en faveur de l’Hôpital Général, du sixième en sus de ce qui se reçoit aux entrées des opéras et comédies. Ce droit fut aboli le 6 août 1789, et devait être remplacé par des représentations au profit des hospices, représentations qui n’eurent jamais lieu, ce qui motiva l’arrêté en date du 11 nivôse an IV. “ art. 1er. Tous les entrepreneurs ou sociétaires de tous les théâtres de Paris et des départements sont invité à donner tous les mois, à dater de cette époque, une représentation au profil des pauvres, dont le produit, déduction faite des frais journaliers et de la part de l’auteur, sera versé dans les caisses désignées....... Cet arrêté n’eut aucun effet fructueux ; Les représentations données couvrirent rarement les frais, du moins les directeurs le dirent, et une loi du 7 frimaire an V rétablit le droit d’un décime par franc, en sus du prix de chaque billet. Depuis cette époque, ces droits font partie du budget, et sont entièrement perçus par les hospices, tant à Paris qu’en province.’

(La langue théâtrale. Alfred Bouchard. 1878)

L’administration des hospices, supposée pauvre, doit vivre à la charge de l’administration théâtrale, supposée riche : voilà comme les faiseurs de lois ont raisonné.
Mais les payeurs d’impôt ont dit : si le riche doit au pauvre, c’est l’Hôtel-Dieu qui doit aux théâtres, et non les théâtres à l’Hôtel-Dieu. Donc les théâtres ne sont pas débiteurs, mais créanciers ; et en mettant la chose au plus juste, ils ne sont ni débiteurs, ni créanciers, et de par la loi ils ne feront pas aumône. L’affaire en est là, le papier timbré cherche à battre en brèche la loi fiscale qui ruine les exploitations théâtrales.

Petit dictionnaire des coulisses Publié par Jacques-le-souffleur  ‘se vend dans tous les théâtres’ - Paris 1835

"Le directeur de la Porte-Saint-Martin force les re-ceveurs du droit des pauvres à avaler six litres des poisons superfins de Lucrèce Borgia" Inconnu , Graveur Le Journal amusant , Editeur En 1870 Maison de Victor Hugo - Hauteville House


Farce

Espèce de comique grossier ou toutes les règles de la bienséance et de la vraisemblance
sont également violées. Le Comique, dont on fait le plus grand usage dans ces sortes de pièces, est celui qui naît des équivoques des méprises de mots ou du choc de pensées contradictoires et les Scènes n'offrent, pour l'ordinaire que des grimaces bizarres, des portraits indécents et des événements ridicules. Dictionnaire dramatique contenant l’histoire des théâtres, les règles du genre dramatique, les observations des maîtres les plus célèbres et des réflexions nouvelles sur les spectacles (1776) de Joseph de La Porte et Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort (1er volume)

Farce jouée vers 1610 au théâtre du Marais ou au théâtre de l'hôtel de Bourgogne. Mariette, Graveur 17e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Grève Opéra 1978 - 1979







Menus-Plaisirs

Dans l’ancienne monarchie française, les Menus-Plaisirs, qu’on appelait communément les ‘Menus’, formaient une branche importante de l’administration de la maison du roi et comprenaient tout ce qui avait rapport aux fêtes de la cour.  Les Menus-Plaisirs étaient placés sous la direction d’abord d’un trésorier, et plus tard d’un intendant. Déjà, sous Henri III, cette administration absorbait annuellement, à elle seule, une somme de 70 millions de livres tournois, La direction des spectacles de la cour devint par la suite une des chairs les plus importantes de l’intendant des Menus, et, parce fait, s’enchevêtrait quelque peu avec celle de l’Opéra. En effet, sous Louis XIV, qui habitait généralement Versailles on Saint-Germain, les premières représentations d’ouvrages nouveaux étaient presque toujours données dans l’une de ces deux villes, de même que sous Louis XV elles étaient souvent données à Fontainebleau, où le roi se rendait chaque année. Or, certains décors et costumes faisaient retour à l’Opéra après avoir servi à la cour, et il résultait de cette situation un frottement incessant entre les deux administrations. Louis XVI, eu réduisant considérablement les dépenses de sa maison, ne laissa subsister qu’un  ‘maître des Menus-Plaisirs’, qui est ainsi mentionné dans l’encyclopédie méthodique (1788) : ‘Grand officier qui a l’intendance de tout ce qui regarde les spectacles, comédies, bals, mascarades, etc., à la cour.  Il ‘avoit’ aussi d’abord le pouvoir de donner des permissions à tous les comédiens forains et à ceux qui montrent les marionnettes, etc., et on ne ‘pouvoit’ même jouer aucune pièce aux deux salles de spectacle de Londres, qu’il ne l’eût lue et approuvée ; mais cette autorité a été fort réduite, pour ne pas dire absolument abolie par le dernier règlement qui a été fait sur les spectacles’. L’administration des Menus-Plaisirs avait son siège à Paris, dans le vaste immeuble qui, situé faubourg Poissonnière, s’étendait de la rue Bergère à la rue Richer actuelles. C’est là que la Convention plaça le Conservatoire de musique, qui occupe encore aujourd’hui une partie de cet emplacement. Les Menus-Plaisirs reparurent avec la Restauration, mais bien déclins de leur ancienne splendeur. Ils furent définitivement emportés par la révolution de 1830. Les trois dernière intendants des Menus- Plaisirs (ces fonctionnaires étaient placés  sous les ordres immédiats du ministre de la maison du roi, furent Papillon de la Ferté, qui occupa cette charge pendant les dernières aimées du règne de Louis XVI et qui périt sur l'échafaud révolutionnaire, âgé de près de soixante-dix ans; des Entelles, qui fut désigné pour cet office en 1814, lors de la Restauration, et Papillon de la Ferté, fils du précédent, qui succéda à des Entelles, aux environs de 1820. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Tavik Frantisek Simon (1877-1942) Au théâtre, Paris.


Momerie

Genre de divertissement dansé, fort en vogue au seizième siècle, qui tenait de la boutade et de la mascarade. Compan définit ainsi la momerie : Mascarade, bouffonnerie, déguisement de gens masqués pour aller danser, jouer, se réjouir. Ce mot vient de Momus, le bouffon des dieux du paganisme. (Le terme générique paganisme est employé depuis le VI siècle par des chrétiens pour désigner la religion de ceux qui ne sont ni chrétiens ni juifs.) Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.

TAUNAY Nicolas, Comédiens ambulants, Reims, Musée des Beaux-Arts (inv. 983.29.1) Photo : © Christian Devleeschauwer


Les Mystères

La représentation des mystères est la première manifestation dramatique qu’aient vu naître les temps modernes. C’est là l’origine première de notre théâtre, et l’essai primitif d’un art dans lequel plus tard nous devions passer maîtres.  Le mystère, au surplus, n’est pas particulier à la France, et, soit sous le même titre, soit sous des dénominations différentes, on l’a vu briller simultanément ou successivement aussi en Italie, en Espagne, en Allemagne et en Angleterre. C’est donc dans l’Église chrétienne que l’art dramatique moderne, qui devait plus tard être maudit par elle, bégaya ses premiers accents et c’est dans l’église que fut représenté, au XIe siècle, le premier véritable mystère, celui qui avait pour titre ‘Les Vierges sages et les Vierges folles’. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Décors de théâtre pour la représentation d’un mystère, à Valenciennes en 1547.


Oeuvre des femmes de France

L'œuvre des femmes de France. La quête faite par les dames du Palais-Royal pendant la représentation donnée au profit de l'œuvre Vierge, Daniel (Daniel Urrabieta Ortiz y Vierge, dit) , Dessinateur Méaulle, Fortuné Louis , Graveur En 1872 Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Ordre de début

Ordre de début Jadis, au temps heureux des privilèges, et au temps plus heureux encore où les gentilshommes de la chambre du roi étaient chargés de l'administration supérieure des théâtres subventionnés, on accordait à ceux-ci une sorte de droit de préemption sur tous leurs confrères, c'est-à-dire que si l'Opéra, ou l’Opéra-Comique, ou la Comédie-Française trouvait, dans un théâtre de Paris ou de la province, un acteur à sa convenance, il lui faisait adresse par le surintendant un ordre de début. Sur cet a ordre, le susdit acteur était obligé de quitter le théâtre auquel il appartenait, et ce théâtre devait lui rendre sa liberté, en dépit de tout engagement. Que si, par impossible, l’acteur se refusait à l’honneur qu’on lui voulait faire, il lui était interdit de paraître à l’avenir sur aucun théâtre de France, et sa carrière était brisée. Cette façon paternelle d’envisager les droits de l’homme et du comédien avait disparu avec la Révolution ; on la retrouve plus vivante que jamais sous la Restauration. C’était un temps charmant vraiment que ce bon vieux temps! Quoi qu’il en soit, la révolution de 1880 à tuer l’ordre de début, et celui- ci n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir. Cela ne nous empêchera pas de donner le texte d’un ordre de début, tel qu’il était adressé en 1774 au chanteur Michu, qui devint l’un des acteurs les plus fameux de la Comédie- Italienne : ‘Nous maréchal duc de Richelieu, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi, Nous duc de Duras, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi, Ordonnons au sieur Michu, actuellement comédien à Nantes, de se rendre à Paris pour y débuter sur le théâtre de la Comédie-Italienne dans les rôles d’amoureux. Paris, ce 3 décembre 1774. signé :  le Maréchal duc de Richelieu ; le Duc de Duras.’ Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

(Louis Michu : Reims, 4 juin 1754 – Rouen, 26 janvier 1801 Acteur du Théâtre de Nantes avant 1775. Sociétaire de la Comédie Italienne :1775-1799. Directeur du Théâtre des Arts de Rouen :1799 -1801.)

Portrait de Louis Michu jouant de la guitare, attribué à DERANTON Joseph Musée du Louvre, Département des Arts graphiques


Représentation (La Centième)

Il n’est pas rare aujourd’hui de voir une pièce atteindre sa centième représentation ; il en est même qui vont d’un bond jusqu’à deux, trois et quatre cents représentations, s’éternisant pendant plus d’une année sur l’affiche d’un théâtre.  Ceci nous semble très fâcheux au double point de vue de l’art et de la production dramatique ; mais il n’y a pas à discuter avec des faits de ce genre.  Ce que nous avons seulement à constater ici, c’est l’habitude prise, depuis une quinzaine d’années, de célébrer dans les théâtres, par une fête intime et familière, la centième représentation d’une pièce nouvelle et de constater ainsi son succès.  C’est sous la forme d’un brillant souper offert par les auteurs aux interprètes de leur œuvre et aux principaux employés du théâtre, que se produit généralement cette petite fête.  Ce souper, qui a lieu d’ordinaire au théâtre, à l’issue même de la centième représentation, est suivi d’une sauterie à laquelle chacun et chacune prennent part avec ardeur. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Nouveau Théâtre. 100e Bouton d'Or. 10 avril 1893. MM. les Directeurs du Nouveau-Théâtre et les auteurs de "Bouton d'Or" ont l'honneur de vous inviter au souper de Centième qui sera servi dans le hall du Casino de Paris. Gray, Henri , Illustrateur. Appel, F. , Imprimeur. Musée Carnavalet.


Spectateurs sur le théâtre

On sait que pendant le dix-septième et une bonne moitié du dix-huitième siècle, la scène de notre Comédie-Française était embarrassée d'une foule de spectateurs : fats, marquis, gens de grand ton et de haut parage, qui venaient non point sans doute voir le spectacle, mais se donner eux-mêmes en spectacle à cette place singulière, au grand déplaisir du public de la salle et surtout des comédiens, qui ne supportaient cette incommodité que parce qu'elle leur était très productive. 

La vérité est que les spectateurs qui venaient se placer sur le théâtre, encombrant sottement la scène et se moquant du reste du public, parlaient tout haut, causaient et riaient entre eux, interpellaient les comédiens, gesticulaient et remuaient sans cesse, entraient et sortaient à tout instant et se rendaient enfin insupportables. On se demande quelle pouvait être, en de telles conditions, l'illusion si nécessaire au théâtre, si l’on réfléchit surtout que par ce fait l'effet de la décoration était rendu impossible, que les acteurs avaient la plus grande peine à fendre cette cohue pour effectuer leurs entrées et leurs sorties, que le bruit fait autour d'eux leur troublait la mémoire, que leurs mouvements, leurs passades, ne pouvaient se faire qu'avec une extrême difficulté, et qu'enfin il arrivait souvent que l'on confondait l'entrée d'un spectateur avec celle d'un personnage de la pièce. Les abus les plus fâcheux sont les plus difficiles à déraciner. Tout le monde se plaignait de celui-ci ; mais les comédiens, je l’ai dit, y trouvaient leur compte, et le laissaient subsister. On ne sait jusques à quand il eût pu se perpétuer, si un homme intelligent et libéral ne s’était mis en tête de le détruire. A cet effet, le comte de Lauraguais fit offrir aux comédiens de prendre à sa charge tous les frais de transformation de leur théâtre, s’ils voulaient consentir à renoncer au profit qu’ils tiraient des banquettes et des chaises si maladroitement occupées. Ceux-ci finirent par accepter, grâce surtout à l’énergie de Lekain, qui avait pris la chose à cœur et qui en avait fait l’objet d’un rapport au ministre. Une fois la décision arrêtée, on attendit la clôture de Pâques pour commencer les travaux, qui furent entamés le 31 mars 1759, et achevés pour la réouverture du 23 avril.  Ils ne coûtèrent pas, dit-on, moins de 60,000 livres à M.  De Lauraguais, mais l’effet produit fut excellent. Les petits-maîtres vaniteux et pédants furent désolés de cette réforme ; mais il va sans dire qu’elle fut accueillie avec joie par la masse du public. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Théâtre Royal du Danemark. 1740


Vaudeville

En même temps qu’il s’altérait dans sa forme, ce mot voyait modifier profondément sa signification première. Le vaudeville, d’abord simple chanson satirique, s’appelait primitivement vau de Vire, du lieu de sa naissance, et c’est par corruption qu’on en a fait vaudeville.  ‘Vers 1520, dit Georges Kastner, dans le vau de Vire, en basse Normandie, un brave ouvrier foulon, nommé Olivier Basselin, impatient du joug de l’étranger, composa des chants satiriques contre les Anglais qui voulaient envahir le royaume.  Ces chansons, qui respiraient un ardent patriotisme, coururent le val ou vau de Vire, c’est-à-dire la vallée de Vire dans le Bocage normand, et se répandirent sur toute l’étendue du territoire français, en conservant le nom qu’elles tenaient du lieu de leur origine. Au bout d’un certain temps, le souvenir de cette source étymologique se perdit, et le nom primitif fut changé en ce- lui de vaudeville, non sans avoir subi des modifications qui ont souvent égaré le linguiste.’ Satirique avant tout, le vaudeville était souvent politique, et plus d’une mazarinade lui emprunta sa forme svelte et légère. Il affolait la ville et déridait la cour, puis bientôt il s’é- lança sur la scène, où il se trouvait dans son véritable élément. Toutes les pièces de l’ancien Opéra-Comique de la Foire, toutes ses fantaisies, toutes ses parodies étaient cousues de vaudevilles, petites chansons composées d’un ou de plusieurs couplets généralement écrits sur des airs connus Un peu plus tard, les pièces de ce genre, qu’on qualifiait d’abord d’opéra-comique, devinrent des pièces en vaudevilles, puis des comédies mêlées de vaudevilles, puis des   comédies-vaudevilles, et enfin, pour abréger, des vaudevilles. C’est ainsi que le contenant finit par se substituer au contenu, et qu’on en vint à donner le nom de vaudeville à des pièces qui contenaient des vaudevilles, c’est-à-dire des couplets. Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie

Lhéritier (1809-1885). Dessinateur. La boite à Bibi, vaudeville de Saint-Agnan Choler et Alfred Duru : portrait des acteurs par Lhéritier. 1877. Source gallica.bnf.fr / BnF




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