13 Feb
13Feb

Les Trucs

Il est assez malaisé de définir, même au point de vue général, ce que c’est qu’un truc. En fait, le truc est une chose insaisissable, et le mot qui représente cette chose semble seulement donner l’idée d’un procédé mécanique par lequel on opère, au théâtre, l’apparition, la disparition, la modification ou la transformation d’un individu ou d’un objet quelconque, sans que le spectateur, surpris par la rapidité de l’opération, puisse se rendre compte des moyens employés pour l’obtenir. Très variés et presque infini dans ses applications, le truc est simple ou compliqué, bon enfant ou rusé, presque toujours mystérieux et inexplicable pour l’œil le plus curieux et le plus attentif. Il s’applique d’ailleurs, comme je l’ai dit’ soit à des objets matériels, soit à êtres animés, soit à des décors ou fragments de décors. Dans les Pilules du Diable, il en faut toujours revenir à ce modèle des féeries, on trouvait toute une étonnante série de trucs, tous plus curieux les uns que les autres. Truc la transformation de Babylas en dindon; truc l’allongement du nez de Magloire, qui s’étirait d’un pied; truc la descente du balcon d’Isabelle, qui la rapprochait de son amant; truc la multiplication indéfinie des lanternes; truc la fourche qui, perçant le ventre de Magloire, lui ressortait par le dos; truc les chaises qui disparaissaient au moment où l’on voulait s’asseoir, pour reparaître d’un autre côté; truc les deux boutiques de l’apothicaire et du marchand de vin, qui prenaient la place l’une de l’autre; truc la maison qui se retournait, et qui paraissait reposer sur son toit; truc l’enflure phénoménale de Seringuinos et, un peu plus tard, le ‘raccommodage’ du personnage dont on rapportait les membres épars et qui, à mesure qu’on rassemblait ceux-ci, s’animait, reprenait vie et se mettait à marcher devant le public. Tout cela, et bien d’autres choses encore, c’est le suc, c’est le fond même de toute féerie, qui, comme l’indique cette qualification, repose sur un élément fantastique et merveilleux qu’il faut faire en sorte de rendre réel aux yeux du public. Il fut un temps où il existait à Paris ce qu’on pourrait appeler des fabricants de trucs, c’est-à-dire des gens qui passaient leur temps à inventer, à imaginer des trucs nouveaux, ingénieux et inconnus, à en construire les maquettes, et qui s’en allaient ensuite chez un producteur, j’allais dire chez un auteur de renom, pour lui soumettre et faire fonctionner devant lui leurs petits chefs-d’œuvre. L’écrivain (?) faisait son choix dans tout cela, achetait la propriété de quelques-unes de ces inventions vraiment curieuses, et fabriquait lui-même ensuite une féerie dans laquelle il faisait entrer ces trucs, qu’on n’avait plus qu’à construire en grand d’après les maquettes. ...


La Caisse mystérieuse

La caisse mystérieuse
On va apporter sur la scène deux tréteaux en bois, puis cinq planches constituant les éléments d’une grande caisse de 2 mètres de long sur 80 centimètres de largeur. Ces panneaux en bois sont bien mis en évidence ; puis, on s’en sert pour faire le montage de la caisse sur charnières. La voilà montée. Le barnum déclare au public, lequel le croit aisément, que la caisse est complètement vide. Mais il ne se contente pas de le déclarer : il le prouve, en rabattant autour de ses charnières le côté de la boite qui est tourné vers la salle, puis en le relevant. Alors, revenant sur sa déclaration, il affirme que cette caisse soi-disant vide renferme une belle dame. Arrêtant, en effet, ses deux aides qui s’apprêtaient à démonter la caisse, il rabat de nouveau le panneau face au public. Une dame, élégamment vêtue de blanc, est gracieusement couchée dans la boite. Pendant que l’on applaudit, le barnum relève puis le baisse de nouveau, comme pour faire réapparaître le sujet, et, à l’étonnement général, il n’y a plus personne dans la boite. Ce truc est fondé sur un fonctionnement de trappe. Il y a, en effet, une trappe sur scène, en arrière des tréteaux et tout contre eux. En même temps que le barnum relève le panneau de devant, un des aides ouvre le panneau d’arrière. La trappe de la scène s’ouvre ; la femme poussée hors de la trappe s’accroche au bord de la caisse, donne un coup de reins énergique et adroit : la voilà dans la boite. Quelques instants après, ce sera la manœuvre inverse. Sans rentrer dans l’acrobatie proprement dite, l’exécution de ce truc demande, de la part du sujet, beaucoup de vigueur et d’à propos.


Le coup de hache

Le coup de hache
Le truc de la décapitation par la hache, imaginé et combiné par le professeur Gauthier, est effectué sans le concours d’aucune glace. Sur la scène, tendue de noir avec broderies d’argent, comme un catafalque, se trouvent deux billots cylindriques en bois, analogues à ceux qui servirent si longtemps pour les décapitations et qui sont encore employés en Allemagne. Le bourreau apparaît, sinistre, tout de rouge habillé, l’épée au côté, la hache à la main. Les aides, revêtus de la cagoule, amènent le condamné qui semble plus mort que vif. Ils le font agenouiller devant un des billots : il obéit docilement, paraissant à bout de résistance. La hache tournoie, s’abat avec un bruit sourd : la tête roule dans un panier placé près du billot. Le corps décapité, saignant de l’horrible plaie au cou, est agité par les soubresauts de la mort. Le public est invité à venir sur la scène, toucher le corps et la tête avant que l’on ne les emporte, pour s’assurer (ô illusion !) qu’il n’y a pas de supercherie. Voici, pour les initiés, ce qui s’est passé. L’artiste qui joue le rôle du condamné, au moment où les deux aides le font agenouiller, se trouve un instant caché aux yeux du public. Il en profite, ayant le cou très souple, pour introduire sa tête dans une ouverture cachée sur la face supérieure du billot ; en même temps, un des aides sort de sa cagoule une tête en cire admirablement imitée et la place sur le billot : elle semble vraiment rattachée au corps du sujet. Au moment précis où le bourreau abat sa hache, l’artiste se laisse glisser en arrière, d’un coup de reins, et son corps s’allonge, à plat ventre, sur le plancher de l’échafaud : il y trouve une trappe dans laquelle il enfonce sa tête. En même temps, le deuxième aide, passant entre lui et le public, applique contre les épaules un cartonnage représentant un cou coupé. Le cartonnage est bourré d’une éponge imbibée de sang mi-partie liquide, mi-partie coagulé, et cela est si répugnant que personne n’a envie d’y toucher. Ce truc demande beaucoup de prestesse de la part du bourreau et de ses aides, un cou à épine dorsale des plus complaisantes de la part de l’artiste qui joue le rôle du décapité, et enfin une patience extrême de la part de celui qui reste ratatiné dans le second billot : quelle courbature lorsqu’il en sort ! Mais le résultat général est obtenu, et il faut savoir souffrir pour l’amour de l’art et pour toucher un bon cachet par représentation.


Décapitée aquatique

La décapitée aquatique
On voit sur la scène un léger trépied se détachant sur un fond tendu d’étoffe rouge. Sur ce trépied se trouve un gros aquarium dans lequel nagent des poissons rouges aussi, des cyprins dorés. Mais ce qui est plus curieux, c’est qu’il y a aussi dans l’eau de l’aquarium une gracieuse tête de femme parfaitement vivante, mais privée de son corps : elle regarde les spectateurs et leur sourit. Voici comment ce truc est réalisé. Le trépied est formé de trois tiges en cuivre doré qui aboutissent, en se croisant, aux sommets de deux triangles formant plate-forme en métal nickelé. Un simple ruban noué parait réunir les trois tiges au point où elles se recoupent ; mais, dans la réalité, elles sont fortement soudées les unes aux autres en ce point. Depuis la plate-forme du bas jusqu’au ruban, l’air circule entre les tiges ; à partir du ruban jusqu’à la partie supérieure, il semble en être de même ; mais les trois faces de la pyramide géométriquement constituée ainsi sont garnies de glaces étamées bien claires doublées d’une tôle d’acier résistante. La femme qui doit jouer le rôle de décapitée s’accroupit entre les glaces, les jambes repliées: on choisit une petite femme dont le corps occupe le moins possible de place ; la tête est encadrée par le couvercle formant la plate-forme supérieure et qui est en deux pièces. On la coiffe alors avec l’aquarium, lequel a l’air rempli d’eau, mais qui est lui-même composé de deux récipients en cristal, l’un au centre, ouvert par le bas et entourant la tête, l’autre ouvert par le haut, et entourant le premier, plein de l’eau dans laquelle nagent les poissons. M. Clément Bannel, l’excellent directeur des Folies-Bergères, à Paris, a présenté à ses spectateurs une illusion analogue qui a excité une vive curiosité. Un torse d’homme et une tête vivante se montrent au public dans une grosse boule que l’on apporte sur la scène et qui est soutenue par un trépied à jour.


La Décapitée Parlante

SALON ANNEXE DU/ THEATRE ROBERT HOUDIN/ 8, Boulevard des Italiens, 8/ LELLIA/ BUSTE VIVANT/ D'une charmante jeune femme, parlant, chantant et répondant à toutes les questions/ TOUS LES JOURS/ DE 2 A 5 HEURES/ TOUS LES SOIRS/ DE 8 A 10 HEURES Anonyme , Dessinateur Imprimerie Morris père et fils , Imprimeur Entre 1880 et 1900 Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Le décapité récalcitrant

Théâtre Robert-Houdin 8. Bould. des Italiens. Tous les soirs Grand succès. Le décapité récalcitrant. Bouffonnerie. Spirite Anonyme , Dessinateur Lévy, Charles , Imprimeur Après 1888 Musée Carnavalet, Histoire de Paris


La Décapitée Parlante

La Décapitée Parlante
Le truc de la ‘Décapitée Parlante’ s’exécute d’une façon semblable au truc de la ‘Femme Araignée’.


Où est le corps?

Le Mystère Sylvia. Où est le corps? Anonyme , Dessinateur Lévy, Charles , Imprimeur Entre 1882 et 1888 19e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Succès sans précèdent !

Succès sans précèdent ! l'énigme la merveille des merveilles. Illusion nouvelle présentée par Florini du théâtre Robert-Houdin Anonyme, dessinateur. Lévy, Charles, imprimeur. Après 1888. Musée carnavalet.


L'Enfant évaporé

L’enfant évaporé
Encore un truc de caisse, qui, sous le nom de the flying child, a convenablement rempli celle de quelques barnums aux États-Unis. Sur la scène se trouvent deux caisses d’emballage que l’on fait examiner par des spectateurs de bonne volonté aux yeux desquels se présente, comme dans le classique “songe d’Athalie”, un jeune enfant couvert d’une robe éclatante ; on lui bande les yeux avec un foulard et l’un spectateur lui met dans la main une pièce de monnaie marquée. L’enfant est alors introduit dans une des caisses qui est ficelée au moyen d’une corde venant du cintre, puis accrochée à une poulie à moufle et soulevée à environ 2 mètres au-dessus du plancher. Un des spectateurs de bonne foi et de bonne volonté passe sous la caisse dont la paroi, du côté du public, est ouverte : on y voit l’enfant. On ouvre alors la seconde caisse placée à côté et chacun peut s’assurer qu’elle est vide. De même que la précédente, on la soulève à 2 mètres au-dessus du plancher. A ce moment, le barnum, on pourrait dire, le prestidigitateur, ferme, avec une ficelle, le couvercle de la première caisse ; il compte : un, deux, trois ! rouvre le couvercle, et l’enfant a disparu : la boite est vide, et on la redescend sur le plancher ainsi que l’autre boite. Mais alors on ouvre cette dernière : l’enfant est dedans, et, pour bien prouver son identité, il rend au spectateur la pièce marquée, qu’il lui avait donnée. Voici comment cela s’explique. Lorsque l’on bande les yeux, et une parte de la figure, à l’enfant, cela le rend méconnaissable : il se trouve masqué, de telle sorte qu’un autre enfant revêtu du même costume pourra être pris pour lui. En entrant dans la caisse n°1, l’enfant n°1 laisse couler par une coulisse la pièce marquée qui est attrapée dans le dessous par l’enfant n°2, lequel est introduit par une trappe dans la caisse n°2 dès que l’on fait constater au public qu’elle est vide et au moment de l’enlever. La caisse n°1 a bien l’air d’être une véritable caisse. Mais un de ses côté intérieurement est doublé d’une glace étamée qui en tournant sur charnières la subdivise en deux parties prismatiques. L’enfant n°1 se colle au fond de la boite en y entrant; la glace pivote, et lorsque l’on ouvre la boite n° 1 reposée sur le sol, la limpidité de la glace fait croire au public que cette boite est vide. Lors donc que l’on ouvre la boite n°2 et que l’on y aperçoit l’enfant sosie n°2, on est persuadé que c’est bien l’autre qui s’y est introduit. Ce truc demande un peu d’adresse de la part des enfants employés à le réaliser, et surtout un fonctionnement irréprochable de la trappe de scène qui ne doit ni faire aucun bruit, ni laisser aucun joint apparent dès qu’elle s’est refermée.


L'Escarpolette diabolique

L’escarpolette diabolique
Lorsque le voyageur d’un compartiment de chemin de fer situé dans un train immobile en gare voit un autre train se mettre en marche sur les rails voisins, il a la sensation que c’est son propre train qui marche en sens inverse de l’autre, lequel lui parait immobile. M. Amariah Lake, de Pleasantville, dans le New-Jersey, aux États-Unis, a fait, en somme, une application en grand de cette illusion dans le truc qu’il a nommé l’escarpolette diabolique. Une fournée d’une quinzaine de spectateurs est introduite dans une petite pièce en travers de laquelle se trouve un gros “arbre en métal” analogue à une énorme manivelle tournant autour de ses deux extrémités. A cette manivelle est suspendue une grande escarpolette dans laquelle s’embarque les spectateurs. Le ‘Manager’ de l’établissement donne une légère oscillation à l’escarpolette qui se balance doucement, d’avant en arrière et d’arrière en avant, puis il se retire discrètement et ferme la porte d’entrée derrière lui. Alors l’illusion commence. Les passagers de l’escarpolette ont, tout d’abord, l’impression que le balancement va en augmentant, au point de prendre des proportions inquiétantes. Tout à fait inquiétantes, lorsque l’escarpolette, lancée à toute force, fait le tour complet ! Bientôt le mouvement se ralentit ; la chambre diabolique reprend sa position normale, l’escarpolette s’arrête, la porte s’ouvre : on descend bien vite et l’on court vers la sortie. Que s’est-il donc produit pendant cet étonnant séjour dans l’escarpolette. Tout simplement ceci : c’est qu’elle est restée immobile avec son contenu dès que les petites oscillations que lui avait procurées le ‘manager’ ont été amorties. Mais, précisément à ce moment, la grande boite constituant la chambre allait et venait autour d’elle, en prenant des amplitudes croissantes, jusqu’à tourner finalement autour de l’arbre coudé formant l’arbre fixe du décor. Les spectateurs ont donc bien eu l’illusion de tourner sur eux-mêmes, la tête en bas, alors que c’est exactement le contraire qui se produisait.


L' Escarpolette polonaise

THEÂTRE/ ROBERT-HOUDIN/ 8 BD DES ITALIENS/ TOUS/ LES/ SOIRS/ L'ESCARPOLETTE/ POLONAISE/ GRAND TRUC/ EXTRAORDINAIRE/ de M.G. MELIES/ LA PLUS ETRANGE/ DISPARITION/ QU'ON AIT JAMAIS FAITE Anonyme , Dessinateur Lévy, Charles , Imprimeur Après 1888 Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Les Fantômes

Au pays du rêve : l’Antre des Fantômes
Le “pays du rêve”, plus peuplé de fantôme que de rêves, se trouve constitué par une scène de petit théâtre n’ayant que 2 mètres sur 3 mètres de surface ; elle est tendue de noir, comme l’entrée de quelque lugubre vestibule mortuaire, mais le fond en est fortement et brillamment éclairé. On va, en effet, user des contrastes lumineux. Au fond de la petite scène, il y a une chaise et une table. Le régisseur prie un spectateur intrépide et de bonne volonté de venir s’asseoir sur la chaise et s’accouder sur la table dans l’attitude paisible du “penseur”. Tout aussitôt, un terrifiant fantôme s’approche de lui, lui passe la main sur la tête, l’enveloppe des plis de son suaire, avance, recule, finit par l’embrasser. Les spectateurs frémissent dans la salle, oppressés d’horreur. Quant au personnage de bonne volonté qui est allé s’asseoir sur cette chaise infernale, il ne manifeste pas la moindre émotion. Il reste impassible, souriant, cynique. La raison est simple : il ne voit absolument rien de l’apparition spectrale. Le truc consiste en ceci. Une glace sans tain est placée au milieu de la scène perpendiculairement au plancher et formant un angle de 45 degrés avec le fond du théâtre. Dans la coulisse de gauche, se place l’acteur “déguisé en fantôme”, avec un masque de squelette et enveloppé de linges blancs. Fortement éclairée par un projecteur, son image vient se produire sur la glace sans sans tain, rebondit à 45 degrés, c’est à dire donc perpendiculairement au fond du théâtre, et va se détacher en blanc sur le fond noir, à l’endroit où se trouve assis le spectateur dont le sang-froid défie les spectres. L’illusion est parfaite. 'L’acteur-fantôme', qui voit le sujet assis, alors qu’il n’en est pas vu, se livre, à son égard, à toutes sortes de gestes et fait d’intimidantes contorsions. Le spectateur de bonne volonté est amené de la salle sur la scène en prenant un petit couloir latéral et il est bien convenu avec lui qu’il sera reconduit par le même chemin après que le rideau a été baissé. On a vu, en effet, des sujets, tout fiers de l’ovation que leur valait leur calme intrépide, devenir, pour un instant, acteurs pour tout de bon, se lever, et s’avancer brusquement vers le devant de la scène pour y recueillir les bravos. Mais alors, ils rencontraient sur leur trajet la glace sans tain interposée, se cognaient violemment contre elle, et l’on avait ce spectacle supplémentaire du spectre sortant de la coulisse pour accourir au secours de son comparse inconscient. En tout état de cause, c’est là un truc optique très simple, facile à installer, et fort amusant.




La Femme Araignée

La Femme Araignée
La Femme Araignée est un truc imaginé aux États-Unis. En voici le ‘scénario’. Une toile de fond nous montre la façade d’une élégante maison de campagne, avec son perron de plusieurs marches, flanqué de vases de fleurs traditionnels. Le barnum, au lever du rideau, nous conte l’histoire touchante de ce ‘home’ déserté par ses habitants après toutes les péripéties d’un drame intime, et tellement déserté qu’il y a des araignées et des toiles d’araignées partout. Tant et si bien qu’en travers même du perron une énorme toile étend son filet, au milieu de laquelle vous regarde une gigantesque et apocalyptique araignée aux pattes longues et velues. Or, cette araignée a une fort gracieuse tête de femme : le contraste est violent et les personnes qui n’aiment pas les araignées sont saisies d’horreur, d’autant plus que le barnum les émeut par surcroît en donnant les signes d’un effroi mêlé de dégoût. L’illusion est réalisée d’une façon simple. Un miroir incliné à 45 degrés est disposé en travers du perron. Son arête supérieure coïncide avec une des fines cordelettes blanches constituant la toile d’araignée et elle en forme le diamètre. Sur cette arête supérieure du miroir, une échancrure, qui n’est pas sans analogie avec l’échancrure de la macabre lunette de la guillotine, reçoit le cou de l’aimable dame chargée de jouer le rôle de l’araignée en carton avec ses pattes qui vont se griffer dans la toile. L’illusion est complète, car la glace très pure reflète les marches en donnant bien l’image du plein air. La femme, étendue à plat ventre sur une planche inclinée et pouvant se soutenir sur ses avant-bras, est dans une position qui n’est pas trop inconfortable ; elle rappelle aux spectateurs “l’aragne” du bon La Fontaine : L’aragne cependant se campe en un lambris Comme si de ces lieux elle eût fait bail à vie.


La Femme flottant dans l’air

La femme flottant dans l’air
S’il y a quelque chose qui paraisse ne pas pouvoir être éludé, dans les trucs, c’est bien la pesanteur. Voici comment un barnum autrichien donna il y a quelques années une solution satisfaisante du problème. Une planche était supportée sur les dossiers de deux chaises ; sur cette planche une femme était couchée dans une poétique position de repos. Le prestidigitateur faisait quelques passes, soi-disant magnétiques, au-dessus de la femme, retirait une des chaises, puis l’autre ; la planche et la femme restaient suspendues en l’air, sans aucun appui apparent, sans aucun soutien. Une canne passée au-dessous de la planche, puis au-dessus du corps de la femme, le démontrait surabondamment. Rien n’apparaissait ni comme glace, ni comme fil, sur la scène vide, simplement et sobrement drapée, au fond, d’un rideau lourd et sombre à grands plis verticaux. La suspension s’opérait mécaniquement au moyen d’un grand étrier en fer pénétrant dans un logement pratiqué transversalement au milieu de la planche et formant finalement ‘cornière’ avec elle. L’étrier en fer était recouvert d’une draperie de couleur exactement semblable à celle du rideau du fond, sa grande ligne verticale se confondait avec les plis du rideau. Au moment où le prestidigitateur va retirer la première chaise, l’étrier est poussé en avant du cintre ; il entre dans le logement de la planche et s’y assujettit. Voilà la planche avec son fardeau en équilibre. Le prestidigitateur revient alors vers l’autre extrémité de la planche en ayant soin de se mettre ‘de trois quarts’ en passant derrière la tige, afin qu’elle ne se détache pas en noir sur le plastron blanc de sa chemise. Arrivé à l’extrémité, d’un geste audacieux, il enlève la deuxième chaise : rien n’a bougé; la belle endormie continue son rêve à 80 centimètres au-dessus du plancher. C’est alors que, prenant sa baguette magique, l’opérateur la passe et la repasse dans l’espace vide en ayant bien soin de ne pas toucher la tige lorsqu’il fait ces moulinets au-dessus du corps. Cette suspension, exactement calculée pour le poids du corps du sujet, est tout à fait solide et sans aucun danger ; on ne pourrait la soupçonner que si le personnage remuait : mais il n’en a garde. Le rideau tombe au milieu des applaudissements : la belle saute tout aussitôt sur le plancher ; le rideau se relève, et elle se montre bien réveillée et bien vivante, en faisant de gentilles révérences au public et en lui adressant ses plus gracieux sourires. (Barnum : Forain présentant le spectacle d’un artiste ou un phénomène spectaculaire.)


Les filles de Neptune

Les filles de Neptune
Dans une féerie intitulée les Filles de Neptune, en 1907, M. H.L. Bowdoin, ingénieur américain, a combiné un curieux truc aquatique qui a attiré de nombreux spectateurs à l’Hippodrome de New-York. Il s’agissait, au bord d’un rivage constitué par le contour de la piscine de l’Hippodrome, de faire émerger du sein des eaux (de la véritable eau) le dieu Neptune et son cortège de sirènes. Puis, tous les personnages devaient se replonger dans les flots et y disparaître. M. Bowdoin a résolu le problème en utilisant le principe de la cloche à plongeur dont on se sert pour aller enlever, au moyen d’un séjour dans l’air comprimé, les épaves ou les rochers, qui obstruent les ports et les rades. Au fond de la piscine de l’Hippodrome, il a fixé un certain nombre de cloches à plongeur supportées par des pieds surélevés de façon à laisser un espace d’environ 1 mètre entre le fond de l’eau et le couvercle inférieur de la cloche. C’est par cet espace que s’introduit l’artiste après avoir plongé, soit visiblement devant le public, soit du sein des coulisses, selon les dispositions et les indications du scénario. Une fois dans la cloche, il se trouve en compagnie d’un machiniste, dans l’air comprimé ; il peut respirer à son aise, et de plus, pour le cas d’accident, il y a la lumière électrique et le téléphone à sa portée.


L'Homme à qui l'on coupe la tête et qui continue de marcher


HOUDIN Truc

THEÂTRE/ ROBERT-HOUDIN/8. BOULD DES ITALIENS/ LA/ STROUBAÏKA/ PERSANE/ TOUS/ LES/ SOIRS/NOUVEAU/ TRUC/ MERVEILLEUX/ PAR LE PERSAN/ DJELFAH. EL. NADIR/ PRESENTE/ PAR/ M.M. /JACOBS DUPERREY Anonyme , Dessinateur Lévy, Charles , Imprimeur Entre 1882 et 1888 Musée Carnavalet, Histoire de Paris


Illusion au théâtre 1909


Le Masque de Balsamo

Le masque de Balsamo
L’amusant truc de physique combiné par les frères Isola est une application du précieux appareil électrique nommé électro-aimant. L’électro-aimant va permettre au masque de Balsamo de répondre aux questions que le prestidigitateur lui pose. Voici comment. Ce masque de tête humaine est en bois et repose sur un guéridon ; il peut légèrement basculer pour faire des signes d’approbation ou de dénégation. Chose plus extraordinaire, il ne se contente pas de faire ces mouvements sur la scène ; c’est au milieu des spectateurs qu’il opère, alors que le prestidigitateur l’a transporté de la scène dans la salle. Pour cela, dans le menton du masque est logée, d’une manière bien discrète, une petite tige de fer de 5 centimètres de longueur ; un électro-aimant de peu de hauteur, constitué par deux petites bobines, est logé aussi dans la tablette du guéridon, de façon que ses noyaux se trouvent en regard de la petite tige de fer du masque. Le compère qui, dans les dessous, dispose du bouton d’appel, suit tous les gestes et écoute tous les discours du prestidigitateur. Lors donc que celui-ci interroge le masque, ou bien il garde une immobilité farouche, ou bien il bascule et il a l’air de répondre par ses inclinations répétées aux interrogations ; on peut lui faire compter des chiffres, donner l’heure, et malgré la simplicité du dispositif, lorsque tout cela est accompagné de discours appropriés, la représentation ne manque pas d’intérêt.


Le Piano Truqué


La seconde vue dévoilée

La seconde vue dévoilée
La seconde vue dévoilée a pour principe une petite transmission pneumatique. Une jeune dame est amenée sur la scène. Après l’avoir présentée au public, le ‘barnum’ lui bande les yeux et la fait asseoir sur une chaise, au bord de la scène, face au public. En arrière d’elle, est placé un tableau noir. Un spectateur de bonne volonté est prié de monter sur la scène, de tracer à la craie des nombres sur le tableau noir, de les additionner, de les multiplier, d’en extraire les racines. La jeune dame, dès que l’opération est faite, appelle à haute voix, un par un, tous les chiffres du résultat, de la gauche à la droite. Le résultat est obtenu ‘pneumatiquement’ de la façon suivante. Un compère placé dans un trou sous la scène, face au tableau noir, voit le spectateur inscrire ses chiffres. A l’aide d’une poire en caoutchouc et d’un tube aboutissant à un petit piston placé dans la semelle de la bottine d’un des pieds du sujet. Cela demande une extrême rapidité en même temps qu’une grande délicatesse de transmission, que des sujets adroits acquièrent avec un patient entraînement. Finalement, la jeune dame lit les chiffres qui lui sont transmis au contact, comme les télégraphistes exercés lisent au son les signaux du tic-tac de l’appareil télégraphique Morse. Dans une autre disposition combinée par M. Robert Keller, au lieu du tube pneumatique on emploie un électro-aimant.


Tête à l’envers

La tête à l’envers
Le ‘tête à l’envers’ est un truc du même ordre que ‘la décapitée aquatique’, réalisé dans des conditions différentes. On aperçoit, lorsque débute la représentation, une grande table. Sur cette table, il y a un coffret en acajou de cinquante centimètres de côté environ. Le ‘barnum’ raconte au public, qui peut approcher de la table et l’entourer, que ce coffret renferme la tête d’une jeune femme décapitée et attachée à l’envers dans son intérieur. Cependant cette tête est, dit-il, vivante : elle entend, elle parle. En effet, il frappe avec une baguette contre la boite et l’on entend sortir des paroles étouffées. Chacun songe déjà à la ventriloquie, lorsque le ‘barnum’ ouvre la serrure de la paroi du coffret qui se trouve vers les spectateurs : cette paroi s’abaisse autour de ses charnières, et à l’intérieur on voit effectivement une tête de femme, “comme au jour de sa mort pompeusement parée”, coiffée à souhait, fardée, ressemblant aux têtes de cire que l’on aperçoit dans les vitrines des coiffeurs. On interroge cette tête : elle répond en souriant à toutes les questions, elle cligne des yeux, elle sourit, elle minaude. Pour obtenir ce résultat, la jeune fille à laquelle appartient la jolie tête est étendue tout de son long à l’intérieur de la table constituant un grand tiroir. A la condition d’être fluette, elle s’y trouve pas trop mal à son aise. Le coffret renferme une glace en biais, à 45 degrés, qui le partage en deux parties : son fond est percé d’une ouverture circulaire qui coïncide avec une ouverture circulaire aussi de la table au-dessous de laquelle se trouve directement le visage du sujet. Deux lampes à incandescence électriques placées à droite et à gauche devant la glace, et que le ‘barnum’ allume brusquement en tournant un commutateur, éclairent violemment la tête et la glace et éblouissent quelque peu les spectateurs. Ils voient, comme le dit le proverbe populaire, “trente-six mille chandelles” et ne distinguent que la tête se détachant sur un fond noir mat, car l’intérieur de la table est garni de drap noir et la jeune personne qui y est étendue est entièrement vêtue de noir, chaussée et gantée de noir, de façon qu’aucune teinte claire ne puisse se refléter dans la glace. Comme la décapitée voit se refléter dans la glace les personnes qui se penchent vers le coffret pour l’interroger, elle peut répondre avec une précision étonnante à toutes les questions que le ‘barnum’ lui fait sur leur costume par exemple et sur les détails de ce costume. (PS : Barnum : Forain présentant le spectacle d’un artiste ou un phénomène spectaculaire.)


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