Lorsqu’un acteur de l’un des théâtres de Paris va se joindre accidentellement à une troupe de province, dans les spectacles de laquelle il consent à se montrer, on dit qu’il est en représentations. Ce procédé était fort en usage autrefois et d’un effet presque certain sur le public des départements, qui, n’ayant guère la possibilité d’entendre et de connaître les artistes parisiens, accourait en foule lorsque quelqu’un d’entre eux venait ainsi s’offrir à lui. Aujourd’hui, que les chemins de fer amènent chaque jour à Paris des milliers de provinciaux, qui se répandent chaque soir dans les théâtres de la capitale, l’acteur en représentations n’a plus guère de raison d’être d’influence. Ou alors ce sont des troupes entières, qui, organisées à Paris, s’en vont faire par toute la France de grandes tournées, pour colporter une pièce nouvelle et la faire connaître partout. La rétribution offerte naguère à l'acteur en représentations par les directeurs de théâtres de province était de deux sortes: ou on lui offrait de courir les chances de l'exploitation faite avec lui en lui abandonnant la moitié de la recette nette de chaque spectacle (c'est- à-dire une fois déduit le montant des frais journaliers), ou il exigeait pour chaque représentation une somme fixe, qui variait selon la notoriété de l'artiste et l'importance du théâtre exploité c’est tantôt cent tantôt deux, trois quatre et même cinq cents francs par soirée. Aujourd’hui, à Paris, certains comédiens ont pris l’habitude de ne s’attacher à aucun théâtre d’une façon permanente, et de s’engager seulement, tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre, pour la durée d’une pièce dans laquelle ils sont chargés d’un rôle important. Le succès de la pièce épuisé, ils recouvrent leur liberté et vont s’engager ailleurs. On dit aussi de ceux-là qu’ils sont « en représentation ».
Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’en rattachent. Paris 1885. Librairie de Firmin-Didot et Cie.
Me Réjane et les soldats. (Vaudeville). Madame Sans Gêne. Atelier Nadar]. 1893. Source gallica.bnf.fr / BnF.
Charles Eugène Baret (1861(63)-1934) est un directeur de théâtre et organisateur de spectacle français. Il fonde les Tournées Charles Baret qui proposent des spectacles dans toute la France et qui se perpétuent après sa mort. Les Tournées Baret proposaient un répertoire éclectique, allant de comédies populaires ("Le Misanthrope et l'Auvergnat") à des pièces plus classiques ou des succès de l'époque ("Dormez, je le veux!", "Cyrano de Bergerac"). Charles Baret a été reconnu pour sa contribution au théâtre en étant nommé Chevalier de la Légion d'honneur en 1923.
Baret, Charles. Photographie. Vers 1900. Carte postale) Bibliothèque Historique de la Ville de Paris .
C'est ma tournée ! Histoire d'une tournée Ch. Baret, par JOB et Ch. Baret. Préface de Alfred CAPUS. Illustrations de JOB. Source gallica.bnf.fr / BnF. Préface.
Extrait de la Préface : 'Les comédiens en voyage ! Ce serait un bien joli chapitre de l’histoire de nos mœurs artistiques et même de notre art dramatique, car avec Scarron et Molière, la province a connu avant Paris une des meilleures veines du théâtre comique et burlesque. Ces tournées de comédiens d’autrefois étaient fameuses par leur débraillé et leur pittoresque. Très longtemps même, et on peut dire jusqu’à ces dernières années, elles allaient çà et là, sans organisation, au hasard, jouant où elles trouvaient de la place, prenant le théâtre du lieu quand il était libre, se contentant à l’occasion d’une salle de café ou d’une grange. Les impresarii contemporains, et Charles Baret en tête, ont transformé radicalement l’économie de ces voyage. Mieux que personne, Baret les a organisés d’une façon véritablement bureaucratique : l’art n’y perd rien et l’ordre y gagne, et par conséquent les spectateurs. Avec les services de publicité, l’agence pour engager les artistes, les salles d’audition et de répétitions, les bureaux d’un grand impresario d’aujourd’hui, comme Baret, sont un Ministère. Ses tournées font chaque année plusieurs fois le tour du monde, et les dessins de JOB qui vous en représentent une jouant devant le Sultan, une autre visitant les Pyramides, une troisième glissant en gondole sur les canaux vénitiens, sont réalité et l’exactitude même (…). Les dessins que vous allez apercevoir sitôt la page tournée vous donneront une idée humoristique des occupations d’un impresario et de sa vie familière, au début du vingtième siècle (…).'
L’impresario reçoit la visite d’un auteur qui lui lit une pièce en 5 actes et 11 tableaux, avec prologue et apothéose.
Emballement de l’Impresario qui signe à l’auteur un contrat par lequel il s’engage à faire une immense tournée avec sa pièce ; il décrit sur la mappemonde l’itinéraire de la tournée.
Pour former la troupe, l’impresario convoque des artistes. Les principaux emplois seront : duégne, financier, coquette, premier comique, ingénue, jeune premier, troisième rôle (traite), ou comme on dit dans le midi, premier poignard !
Il faut aussi un deuxième comique et un amoureux.
Audition du troisème rôle.
Lecture de la pièce aux artistes : une scène gaie !
Chez le costumier : les artistes essaient leurs costumes.
Le départ des bagages : l’auto de l’impresario, le coupé de la coquette et les fiacres à galerie des seigneurs sans importance.
Avant le départ : l’appel des artistes par le régisseur.
Le train se met en marche : adieux des amis, des parents.
Intérieur du wagon : on dort, on mange, on joue aux cartes, on casse du sucre.
Le choix d’un hôtel.
L’impresario bonne un dernier coup d’œil à la réclame.
La coquette dans sa loge : dans dix minutes elle fera tourner toutes les têtes.
A Marseille : la salle en délire.
La troupe s’embarque pour Constantinople.
La même en proie au mal de mer.
Une représentation devant le Sultan.
En Égypte : la troupe visite les Pyramides.
A Venise : la troupe en gondole.
En Russie : la troupe en traineau par 30° au-dessous de zéro.
Rentrée à Paris. Le Ministre et la musique de la Garde Républicaine attendent l’arrivée de la troupe.
A la banque de France. Les artistes vont déposer leurs économies.
Un repos bien gagné. Entouré de tous les souvenirs qu’il a rapportés, l’impresario voit en rêve la Fortune !
Tournée du grand succès du théâtre du Vaudeville. Prochainement. Madame Sans-Gène. Pièce nouvelle en 4 Actes dont 1 Prologue de M.M. Victorien Sardou & E.Moreau L’affiche du jour donnera les détails Anonyme , Dessinateur Imprimerie Charles Verneau , Imprimeur Après 1893 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Théâtre Libre - La Bonne à tout faire (CPA)
Tournée Martini - La Bonne à tout faire - 1er Acte - Entrée de Félicie
Tournée Martini - La Bonne à tout faire - IIe Acte – La Royale de lièvre
Tournée Martini - La Bonne à tout faire - IIe Acte – La Bourrée
Tournée Martini - La Bonne à tout faire – Les Accordailles
Tournée Martini - La Bonne à tout faire - La Casserole - La Séduction
Tournée Martini - La Bonne à tout faire - La Casserole - Le Vol
Tournée Saint-Omer. Tailleur pour Dames. Comédie Vaudeville de Mr Georges Feydeau. Le grand succès du théâtre de la Renaissance de Paris. Entre 1886 et 1892 Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le retour d’une tournée de Mme Jane Hading La créatrice du Maître de Forges et de La Châtelaine, que l’on voit au premier plan de cette photographie, reconnait ses bagages personnels au retour de sa dernière tournée.
Mme Suzanne Devoyod terminant une malle de théâtre La dernière engagée en date au Théâtre-Français, Mme Suzanne Devoyd, achève le délicat emplissage d’une malle de costumes, besogne longue et difficile pour éviter les faux plis et garder aux soies et aux velours leur fraicheur intacte.
Les bagages d’une tournée Par cet exemple pris pour une tournée Baret, on voit quel est le nombre des colis que doit transporter l’impresario. De larges affiches portant le nom de la tournée permettent aux employés des gares, et aux artistes eux-mêmes, de reconnaitre les bagages et de veiller à leur débarquement… Une malle qui continue sa route et voilà une soirée perdue, une recette sacrifiée. On a vu de pauvres artistes privés de leurs bagages, jouer en costumes de voyage des pièces qui se passaient sous Louis XIII !
La cour du Théâtre de la Gaîté Le Grand Coquelin part pour l’Amérique ; les colis s’amoncellent en un pittoresque fouillis ; il ne faut rien moins que l’expérience de Jean Coquelin pour organiser un pareil départ.
La Tournée Marie Leconte-Cora Laparcerie Sur le quai de la gare, Mme Cora Laparcerie-Richepin, accompagnée de son mari, fait ses adieux à ses amis avant le départ de sa tournée avec Mlle Marie Leconte, de la Comédie-Française.
En route A gauche, Mlle Blanche Toutain sur le bastingage du bateau qui la mène en Amérique ; à droite, sur le quai d’une gare, Mme Jane Hading prend un instant de repos ; au milieu, Mlle Blanche Toutain fait ouvrir, au cours d’une tournée Montcharmont, ses malles en gare de Calais, et, sur le quai, la charmante artiste fait un bout de toilette.
Une répétition chez Baret L’impresario fait répéter ses étoiles sur son petit théâtre couvert d’affiches ; de gauche à droite, Baret, Mayol, Galipaux et Mme Marie Prat.
Une répétition sur le transatlantique « L’Aragon » Coquelin, qui remporte en ce moment de si grands succès dans l’Amérique du Sud, occupe les loisirs de la traversée à parfaire le travail des répétitions, en compagnie de Mme Vera Sergine et de M. Duquesne.
Tournée Baret